Depuis trois générations, une famille venue du Venezuela fait vivre, à Montréal, la musique folklorique de son pays d’origine. Elle y a fondé des groupes musicaux, mais aussi une école.
Musique folklorique vénézuélienne
Ender Enrique Calixto Acosta est le chef d’une famille de musiciens originaires du Venezuela basée dans la métropole québécoise. Il a à cœur de faire vivre les traditions et la culture de son pays d’origine, de les transmettre aux nouvelles générations et même de les faire connaître aux gens venus d’autres pays. Né le 9 février 1965 à Maracaibo, dans l’État du Zulia au Venezuela, Ender Enrique Calixto Acosta, aussi nommé Ender Calixto, est connu du milieu musical vénézuélien pour ses habiletés de percussionniste, parolier, chanteur et compositeur. L’artiste s’est entretenu avec l’auteure de ce texte aux printemps 2017 et 2019 à propos de son parcours et de sa passion.
Dans sa jeunesse, Ender Calixto a fait carrière dans la mécanique automobile. Cependant, son attirance pour la musique folklorique l’a poussé à alterner sa profession de mécanicien avec celle de musicien, métier qu’il exerce depuis son adolescence. Parlant de sa trajectoire artistique, Ender Calixto assure que sa vraie profession est celle de musicien-auteur-compositeur. À l’âge de 12 ans, il a écrit sa première chanson et, à 14 ans, il maîtrisait les différents instruments utilisés par les musiciens folkloriques de l’État du Zulia, dont le cuatro (petite guitare à quatre cordes), les maracas et le furro (ou quijada de burro, littéralement « mâchoire d’âne »). Au Venezuela, Ender Calixto a fait partie de nombreux groupes de gaiteros, des groupes de joueurs de cornemuse, dont El Gran Bulevar, Vuelvan Caras, Sentir Zuliano, Koquimba, Kaos et Racoa. Avec ce dernier ensemble, il a enregistré plusieurs albums musicaux.
Émigration vers le nord
Ender Calixto
De la musique folklorique vénézuélienne au Québec
Les débuts d’Ender Calixto à Montréal n’ont pas été faciles, car s’y familiariser avec le milieu musical a pris plus du temps que prévu. D’abord, il a dû s’intégrer socialement et économiquement. Au gré de la progression de son intégration, il a fait la connaissance de plusieurs personnes, dont quelques Vénézuéliens, qui ont été déterminantes pour le décollage de sa carrière artistique au Québec. Grâce à elles, il a découvert un milieu artistique montréalais très riche de sa diversité, et plus particulièrement le milieu musical. Plusieurs des artistes qu’il a rencontrés l’ont aidé pour créer en 2005 son groupe musical folklorique, qu’il a nommé Gaita nuestra.
Ender Calixto décrit cet ensemble musical comme étant de type tamborera, c’est-à-dire voué à la promotion et à la diffusion du folklore de la côte occidentale du Venezuela, dont la musique se caractérise par un style fortement rythmé qui cherche à attirer l’attention des auditeurs. De plus, cet ensemble musical est marqué par des cultures et des nationalités multiples, car ses 11 musiciens sont bien sûr Vénézuéliens, mais sont aussi originaires de Colombie, du Pérou et du Québec.
Une famille de musiciens
Comme l’a noté le chroniqueur León Magno Montiel, à Montréal, tous les membres de la famille d’Ender Calixto font de la musique et forment la base du groupe Gaita nuestra. Son fils Ender Alberto et sa fille Shiireé jouent des instruments de percussion, tandis que Margarita Calixto Pike, sa petite-fille née à Montréal de l’union d’Ender Alberto et de la Canadienne Amanda Pike joue des maracas et chante. La majorité des musiciens de l’ensemble sont d’origine latino-américaine, mais celui qui joue de la batterie est un Québécois.
Selon Ender Calixto, Gaita nuestra a été créé dans le but de conserver les traditions musicales vénézuéliennes parmi les Vénézuéliens habitant le Québec et de les transmettre à leurs enfants. De plus, il cherche à faire connaître le folklore vénézuélien aux gens venus de partout dans le monde résidant à Montréal. Comme le mentionne le site Internet Sabor gaitero, le désir de transmettre les rudiments du folklore de la région nord-occidentale du Venezuela aux Vénézuéliens de deuxième et troisième générations habitant le Québec a poussé Ender Calixto à créer une école de gaiteros. Il y enseigne les instruments utilisés dans les groupes de gaita de son pays aux enfants d’origine vénézuélienne de Saint-Hubert et Brossard.
En 2015, Gaita nuestra a été nommé par Latinos Awards, ensemble folklorique de l’année. En 2018, il a enregistré la pièce musicale Humildes y Sencillos, laquelle s’est placée au sixième rang dans le palmarès de la catégorie gaita au Venezuela, parmi 20 œuvres distinguées comme les plus importantes dans le domaine de la gaita par le site Internet Qué pasa.
Un nouveau groupe musical
Musique folklorique vénézuélienne 2
Depuis sa création, l’ensemble Sabor Internacional a participé à plusieurs événements publics et privés au Québec et à Ottawa. Parmi les plus importants, on note sa prestation au parc Jean-Drapeau dans le cadre du festival Week-ends du monde, pour lequel le groupe a animé la célébration de la fête nationale de la Colombie, du Salvador et du Venezuela. Par ailleurs, Sabor international a été nommé Révélation latine de l’année par le Canada Latin Awards en 2018.
Selon certains experts, la gaita (cornemuse) utilisée au Venezuela provient de l’héritage africain, tandis que d’autres experts affirment qu’elle est le résultat de l’influence espagnole. Mais selon l’opinion la plus générale, l’usage de la cornemuse résulte de la fusion de ces cultures avec les cultures indigènes.
Dans l’État de Zulia, au Venezuela, la cornemuse est utilisée par les adeptes d’un genre musical, la gaita, dont les origines puisent dans différents types de musique et qui présente un rythme très particulier. Il était initialement chanté par des femmes qui formaient un cercle et dansaient autour de tambours. Plus tard, des flûtes et des maracas ont été ajoutées, puis, au XIXe siècle, des clarinettes. Dans certaines régions du Venezuela et dans les communautés vénézuéliennes qui habitent à l’extérieur du pays, cette musique est associée à Noël, bien que, présentement, elle soit jouée en tout temps.
La gaita a été déclarée patrimoine d’intérêt culturel et artistique en 2014, en raison de sa grande importance identitaire dans la culture vénézuélienne. Genre musical populaire, elle est interprétée par des groupes composés d’hommes et de femmes. Elle évoque autant l’amour que les figures religieuses, utilise l’humour, lance des dénonciations, et porte bien d’autres messages encore.