Le 16 octobre 1970, en vertu de la Loi sur les mesures de guerre, le gouvernement canadien adopte un règlement draconien. Près de 8000 soldats sont déployés à Montréal.
Opération « Cordon »
En 1960, la loi est modifiée à la suite de l’adoption de la Déclaration canadienne des droits. Il s’agit de la première loi fédérale au Canada qui vise à protéger les droits de la personne et les libertés fondamentales des individus. Par contre, l’article 2 stipule que le parlement peut outrepasser la Déclaration si cela est nécessaire, pourvu qu’une disposition de dérogation soit adoptée en chambre. C’est ce qui arrive en octobre 1970 alors que Montréal fait face à une nouvelle menace : le terrorisme national.
La crise d’Octobre à Montréal
Funérailles Pierre Laporte
Caricature de Girerd
Voyant là une réelle menace à l’ordre établi, Trudeau intervient. Dans une entrevue accordée le 13 octobre, il répond « Just watch me » à un journaliste qui lui demande jusqu’où il ira pour ramener la quiétude au Québec. Il ne perd pas de temps à mettre certaines mesures draconiennes en place, et un état « d’insurrection appréhendée » est officiellement déclaré le 15 octobre. Le lendemain, à 4 heures du matin, le « Règlement de 1970 concernant l’ordre public » est adopté en vertu de la Loi sur les mesures de guerre. Le règlement suspend les libertés civiles et rend illégaux le FLQ ou toutes autres associations du même type, à travers le Canada. C’est la première fois dans l’histoire du pays que cette loi est adoptée en temps de paix.
Ce sont quelque 12 500 soldats qui débarquent au Québec, dont près de 8000 à Montréal. Les militaires sont surtout là pour patrouiller dans les rues alors que les arrestations et les perquisitions demeurent sous le contrôle des services de police. Ainsi, la journée même du 16 octobre 1970, 250 personnes sont arrêtées à Montréal, dont Michel Chartrand, Pauline Julien, Gaston Miron, Gérald Godin, Pierre Nadeau ainsi que quelques candidats aux élections municipales montréalaises qui doivent avoir lieu 10 jours plus tard. D’ailleurs, le vote se fait sous haute surveillance policière et militaire le 26 octobre et, dans la crise, Jean Drapeau est réélu avec 92 % des voix.
Des blessures durables
Sculpture Liberté
En 2010, Marcel Barbeau réalise la sculpture Liberté qui s’intègre à un monument commémoratif installé devant la Maison Ludger-Duvernay, rue Sherbrooke Ouest à Montréal, en hommage aux « prisonniers d’opinion » de la crise d’Octobre 1970.
BOUTHILLER, Guy, et Édouard CLOUTIER. Trudeau et ses mesures de guerre vus du Canada anglais, Québec, Septentrion, 2011, 250 p.
RICO, José M. « Les événements d’octobre 1970 et l’administration de la justice pénale au Québec », Criminologie, vol. 13, no 2, 1980, p. 7-45.
https://www.erudit.org/fr/revues/crimino/1980-v13-n2-crimino910/017123ar.pdf
SABOURIN, André. « La Crise d’octobre », À la découverte de la Collection nationale, Bibliothèque et Archives nationales du Québec. (Consulté le 18 mai 2020).
SMITH, Denis. « Loi sur les mesures de guerre », Encyclopédie canadienne, 25 juillet 2013. (Consulté le 18 mai 2020).