L’été 1967, Nicole Poliquin a la responsabilité, à Trois-Rivières, d’un kiosque d’information touristique sur l’Expo 67. L’étudiante obtient alors un accès privilégié à l’Exposition et au monde.
Dans le cadre de son exposition Explosion 67. Terre des jeunes, soulignant le 50e anniversaire d’Expo 67, le Centre d’histoire de Montréal a reçu des messages de personnes qui souhaitaient témoigner de leur expérience. C’est ce qu’a fait Nicole Poliquin, qui a livré ce témoignage écrit.
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Nicole Poliquin
Un samedi soir d’avril 1967, je reçois un appel d’une dame de Trois-Rivières qui ne veut plus aller à l’entraînement d’hôtesses Esso à Montréal. Le dimanche, la compagnie Office Overload, responsable des ressources humaines pour Expo 67, communique avec moi pour faire une entrevue téléphonique. L’agente de recrutement ne parle qu’anglais et je dois prouver que je suis à l’aise dans la langue de Shakespeare. Un risque pour Office Overload : interviewer à distance une inconnue plus jeune que la candidate retenue, francophone et étudiante par surcroit. Un espoir pour moi : réaliser le rêve de participer à cette aventure unique qu’est l’Expo 67.
Voilà! Acceptée, je suis dans le train le lendemain matin pour me rendre à Montréal, à l’hôtel Maritime Plaza, au coin Guy et Dorchester (René-Lévesque aujourd’hui). La formation regroupe toutes les personnes qui dirigeront 1 des 20 kiosques Esso : 7 sur le site même de l’Expo 67 et 13 en région, au Québec et à l’est de l’Ontario.
Début mai commence donc la formation : logistique du fonctionnement des kiosques, gestion du personnel, communications quotidiennes avec Montréal par téléphone ou par télex, essai des uniformes, présentation du site de l’Expo 67 avec les pavillons et les activités.
Rappel à l’ordre
Expo 67 - kiosque (can_mt1967-ph-4001)
Oups! Le plan A serait de terminer la formation, le plan B de terminer mes études. Le temps file… je me décide pour le plan B. Je me rends au bureau de la responsable de la formation pour l’aviser que, pour des raisons hors de mon contrôle, je dois quitter l’entraînement. Elle me regarde avec stupéfaction… En toute détermination et naïveté, je lui affirme que la formation de trois jours est adéquate pour me permettre de remplir mes responsabilités : je suis bilingue, bien organisée et je connais la ville et les environs parfaitement. Elle cède finalement : quelle autre solution a-t-elle? Ouf! Aucune.
Expo 67. Carte Esso
Première journée : rencontre avec le propriétaire de la station-service. Il est très accueillant et content d’avoir de l’action en vue pour l’été. De son côté, le représentant régional s’assure que le kiosque est fonctionnel et il m’avise qu’il sera disponible pour tout problème concernant le kiosque. La journée commence : révision des tâches et des horaires, organisation des présentoirs. Première constatation pratique, il ne fait pas très chaud dans ce beau petit kiosque. Alors pas de problème, trois radiateurs seront livrés le lendemain.
L’été s’annonce très bien : les gens font le plein d’essence, les curieux et les touristes viennent poser des questions sur le tourisme aux environs et sur les activités à l’Expo 67. On a même reçu les jeunes d’une chorale de mormons de Salt Lake City.
Du renfort
Expo 67 - Ceylan
La richesse de ces kiosques d’information est que tout ce qui se passe sur le site de l’Expo 67 est accessible via le télex à la minute près. Les horaires des activités, les visites de dignitaires, les spectacles, les événements spécifiques de chaque pavillon nous sont envoyés à longueur de journée. Donc, maintenant, non seulement on a le plaisir d’accueillir des visiteurs mais aussi celui de planifier nos propres visites à Montréal avec une précision incroyable.
Ainsi, j’ai pu visiter l’Expo 67 très souvent et voir tous les pavillons nationaux et thématiques. J’ai eu la chance de voir arriver des dignitaires, par exemple le roi Constantin de Grèce, Pierre Elliot Trudeau. J’avais un grand privilège : mon copain avait une jambe dans le plâtre, alors à cause de ses béquilles, on nous faisait signe de passer en tête de la file d’attente.
Apprendre et voyager
Expo 67. Pavillon du téléphone
Cet été 1967, porteur de tant de souvenirs mémorables, m’a permis de découvrir le monde en quelques mois. Le goût d’apprendre et de voyager ont toujours été au rendez-vous par la suite.
Nicole Poliquin, 1er juin 2017