Rollande Prieur a habité dans le Red Light de 1928 à 1950.
Dans l’extrait de l’entrevue, Rollande Prieur raconte que, étant enfant, elle faisait l’intermédiaire pour des gens qui voulaient jouer à la loterie chinoise, mais qui ne voulaient pas se faire prendre. C’est elle qui allait faire valider leur carte à la loterie et elle se faisait un peu de sous de cette façon. C’était rue Sainte-Élisabeth, au coin du boulevard Dorchester (aujourd’hui René-Lévesque). Elle avait une dizaine de clientes. Ses parents ne le savaient pas. Elle-même n’a jamais acheté de loterie.
Il y avait diverses activités illicites dans le quartier. « Ce n’était pas trop catholique! », dit-elle. Au coin des rues Sainte-Élisabeth et Sainte-Catherine, il y avait une buanderie chinoise et il y avait un fond de cour où elle allait voir les Chinois fumer. Rue Sainte-Élisabeth, il y avait deux maisons de prostitution, une à chaque coin de rue, au coin de Sainte-Catherine et au coin de Dorchester. Une avec des persiennes. L’autre, près de la buanderie chinoise, avec un rideau. Et une fois, alors que Rollande Prieur se promenait avec son père — elle était enfant —, une prostituée avait ouvert le rideau et s’était montrée nue. Elle était tellement insultée que la prostituée ait cherché à attirer son père, qu’elle y était retournée plus tard et avait lancé une boule de glace dans la fenêtre.