1840-1870

Légende : "« Ravenscrag », résidence de Hugh Montagu Allan, Montréal, QC, 1901".
Source : Musée McCord, VIEW-4867, http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/VIEW-4867
Credit : Wm. Notman & Son

Pendant cette courte période qui correspond à l’industrialisation de la ville, le paysage du mont Royal connaît des changements majeurs. La classe bourgeoise s’installe aux abords de la montagne. Tirant profit des vues offertes, elle y construit de somptueuses villas agrémentées de vergers, de jardins et de parterres aménagés. La montagne devient le lieu par excellence où l’architecture et la nature s’unissent pour créer de grands domaines-jardins selon le mouvement pittoresque de l’époque. Avec la construction en 1856 du réservoir McTavish, le secteur du flanc sud, surnommé « le Mille carré doré », devient un lieu de résidence pour l’élite. La maison de sir Hugh Allan, Ravenscrag(BR-003), en est l’un des plus fiers exemples.

Les institutions du sacré, du savoir et de la santé, sous l’influence de l’expansion de la ville et de la préoccupation croissante pour la salubrité, choisissent aussi de s’implanter sur de vastes terrains de la montagne avec la construction de solides bâtiments de pierre grise. Ainsi, le Grand Séminaire, l’Université McGill, l’Hôtel-Dieu, le Collège de Montréal, le cimetière protestant Mont-Royal et le cimetière catholique Notre-Dame-des-Neiges s’installent sur le mont Royal.

À l’instar des notables, ces institutions s’enorgueillissent de leur localisation sur la montagne et aménagent leurs propriétés avec soin, les agrémentant notamment de pelouses, d’alignements d’arbres, de clôtures et de murets. Certaines d’entre elles nivellent des parties de leurs propriétés pour y implanter d’imposants bâtiments ou y aménager des terrains de sport et des cours d’école.
Les cimetières constituent de vastes ensembles paysagers accessibles aux promeneurs. Le cimetière Mont-Royal avait même un observatoire de 15 m de haut. La présence des cimetières a pour effet de niveler de grandes sections de la montagne, d’y ouvrir des chemins et des sentiers, et d’y introduire de nouvelles espèces végétales, dont des arbres fruitiers. Le cimetière protestant Mont-Royal se veut d’ailleurs un véritable arboretum et compte plusieurs variétés exotiques.

Le mouvement d’urbanisation ne touche pas autant les hauteurs et les versants nord et ouest de la montagne. Cependant, en raison de leur attrait pour la bourgeoisie à la recherche d’un cadre de vie champêtre, la villégiature y progresse et de nouvelles activités ludiques s’y manifestent, notamment des sports d’hiver et des excursions de chasse. Des hôtels y accueillent les villégiateurs.
La maison Hosea-Ballou-Smith, visible à gauche sur la photo, porte le nom de son ancien propriétaire. Construite en 1858, elle est le dernier exemple à Montréal de l’architecture rurale de cette époque. Cette riche maison de campagne, autrefois entourée de dépendances, est à l’origine du premier chemin aménagé sur la montagne. Aujourd’hui, la maison rénovée accueille les visiteurs et héberge Les amis de la montagne, un organisme de protection et de mise en valeur du mont Royal.

Comme indiqué sur les cartes dressées par Sitwell de 1867 à 1870, la montagne présente à cette époque une diversité de milieux. Les parties plus élevées et moins accessibles conservent un couvert boisé; le lotissement résidentiel est amorcé sur le flanc sud; les cimetières sont aménagés en son centre et de grandes propriétés bourgeoises et des villas sont parsemées à travers les terres agricoles des versants nord et ouest. Deux importants ruisseaux, Raimbault et Springgrove, serpentent à travers les cimetières.

La montagne pittoresque