Au début du 20e siècle, à la suite de l’annexion de 22 villes voisines (entre 1883 et 1918), le territoire de la ville de Montréal s’agrandit considérablement. Par ailleurs, la croissance démographique est importante, la métropole s’urbanise et de nouveaux quartiers se développent tout autour de la montagne. Dans ce contexte, l’ancien central d’alarme de Montréal ne répond plus adéquatement aux besoins et les autorités souhaitent doter la ville d’un système à la fine pointe de la technologie afin d’y abriter un centre de communication pour le Service des incendies qui couvre l’ensemble de la ville de Montréal. Les plans du nouveau bâtiment sont confiés à Charles Des Baillets, ingénieur en chef de la Ville de Montréal, ainsi qu’à l’architecte J.-E. Blanchard, directeur des Travaux publics. Les travaux sont planifiés en 1929, soit peu avant la mise en place du programme de travaux de chômage de la Ville de Montréal en 1930. La construction de l’édifice, qui a lieu en 1930 et 1931, s’inscrit indirectement dans le contexte de la Grande Dépression, dans une période prolifique pour la construction municipale.
Un emplacement stratégique est choisi pour la nouveau central d’alarme du Service des incendies. En effet, le flanc est du mont Royal offre une position centrale au cœur de la ville. Par ailleurs, il se situe à proximité du réseau de l’ancien central qui occupait le 3e étage de la caserne no 5 sur la rue Berthelet (aujourd’hui avenue du Président-Kennedy), ce qui facilite les raccordements. De plus, cette position sur un monticule, le « Fletcher’s Hill », protège le bâtiment des inondations. Situé dans une zone récréative, il se trouve également loin de toute autre construction et de l’activité du centre-ville, ce qui diminue les risques d’incendie ou autre catastrophe qui forceraient l’évacuation de ce quartier général qui doit demeurer opérationnel en tout temps. Le bâtiment, implanté à bonne distance de l’avenue du Parc, semble émerger de la forêt. Son implantation et son volume bas et allongé permettent d’intégrer le bâtiment à son environnement naturel.
Le quartier général du Service d’incendie est une construction dotée d’unestructure en béton armé et en acier. Comme beaucoup d’autres immeubles municipaux de cette époque, le bâtiment revêt une enveloppe de style Beaux-Arts mettant de l’avant le classicisme français. Une composition symétrique, équilibrée et rigoureuse caractérise l’immeuble. À l’avant, deux avancées latérales encadrent une élégante loggia à arcade cintrée. Les façades sont sobrement recouvertes d’une pierre calcaire taillée de couleur chamois. L’ornementation, somme toute épurée, comprend des encadrements de pierre autour des ouvertures représentant des colonnettes et des frontons. La sobriété de l’architecture et son implantation discrète permettent au bâtiment de se fondre dans le décor naturel du site patrimonial du Mont-Royal.