6 mai 1890
St-Jean-de-Dieu.
L’incendie de l’Asile Saint-Jean-de-Dieu coûta la vie à plus de 100 patients, le plus grand nombre de pertes de vies dans l’histoire des incendies à Montréal.
Bibliothèque et Archives Nationales du Québec

L’Asile Saint-Jean-de-Dieu, aux abords du village de Longue-Pointe, fut à l’époque la référence des institutions psychiatriques. Jusqu’à 1 200 patients y séjournaient et 242 membres du personnel soignant y travaillaient tels que des médecins, des surveillants, des gardiens, des sœurs de la Providence et auxiliaires. Parmi les patients traités pour différents degrés d’aliénations, on comptait aussi des enfants sourds-muets, épileptiques ou paralytiques.

Le 16 mai 1890, l’aumônier de l’institution donna l’alarme alors que le feu se déclara à une salle voisine de la chapelle puis, il s’empressa de sauver l’ostensoir et les « vases sacrés ». Le feu se propagea rapidement et les patientes « maniaques et paralytiques » alitées aux étages supérieurs furent presque toutes les victimes de cet incendie.

Les membres de la brigade du feu se rendirent à l’hôpital en 21 minutes. Un exploit à l’époque. Partis de la caserne 11 située au coin des rues Ontario et Beaudry, ils parcoururent près de 10 kilomètres à la hâte, armés de la grosse pompe Clap & Jones, tirée par trois chevaux. Quand ils arrivèrent sur les lieux, ils ne purent que constater l’ampleur de la dévastation et décidèrent de sauver la buanderie et les autres annexes des environs.

Tous les omnibus des hôtels et autres voitures furent réquisitionnés pour le transport des femmes vers les autres institutions de la ville alors que les hommes furent logés temporairement aux alentours.

Les patients étaient dans un tel état de panique, ce qui donna lieu à une pagaille monstre. Plusieurs d’entre eux en état de crise, refusèrent de sortir, préférèrent demeurer à l’intérieur et plus d’une centaine brûlèrent vifs. Cet incendie est celui qui fit le plus de victimes de l’histoire de Montréal.

On raconte que le piano à queue de l’institution avait été transporté dans le champ, qu’un pensionnaire y avait joué et chanté d’une voix superbe comme pour oublier le malheur qui les accablait.