En 1957, du haut de ses cinq ans, un petit garçon hongrois traverse l’Atlantique en avion avec son frère et ses parents en direction de sa nouvelle maison, Montréal.
Réfugiés hongrois - BAC
Les gouvernements occidentaux, en pleine guerre froide avec l’URSS, se font alors un devoir d’accueillir les quelque 200 000 réfugiés qui fuient la Hongrie. Le Canada lance une opération d’accueil sans précédent. En l’espace de quelques mois, près de 38 000 Hongrois arrivent au Canada, par avion ou par bateau. Ces nouveaux arrivants se dispersent majoritairement dans les grands centres urbains, dont Montréal qui accueille entre 6000 et 7000 réfugiés.
Charles en Hongrie
Réfugiés hongrois - Charles Kelemen et enfants
En 1956, Charles habite une ville frontalière avec l’Autriche, Sopron. Son père est ingénieur et sa mère est esthéticienne. Ils vivent dans un grand logement au centre-ville avec leurs deux fils. Selon le souvenir de Charles, à la suite des révoltes, le gouvernement soviétique permet l’ouverture des frontières pour une journée. Par millier, les Hongrois passent dans Sopron et fuient vers l’Autriche. Charles nous explique : « Je me souviens de ça. Il y avait des gens qui passaient pis qui passaient. […] C’était pas des gens qui partaient parce qu’ils avaient faim, ils ne voulaient pas vivre dans un régime communiste. »
Les parents de Charles font de même et partent en emportant seulement deux valises. Ils demeurent un an à Vienne avant de s’envoler vers le Canada.
L’accueil des Hongrois à Montréal
Réfugiés hongrois - BAC enfant
La famille de Charles est logée dans les installations militaires de Saint-Paul-l’Ermite qui sont converties en résidences. Son père met du temps à faire valider ses papiers d’ingénieur : « Son premier ouvrage, c’était avec une pelle. […] Ça a duré une journée! » Après quelques mois, ils déménagent dans un petit logement du quartier Côte-des-Neiges. Charles fréquente un pensionnat catholique francophone d’Outremont. Son père travaille finalement comme ingénieur sur de grands chantiers, comme ceux du pont Champlain et de la Place Ville-Marie. Sa mère fait carrière comme coiffeuse.
La vie hongroise à Montréal
Réfugiés hongrois - Tibor Kelemen
Merci à Charles Kelemen, président du Comité hongrois de Montréal, d'avoir collaboré à la recherche et à la validation du contenu de cet article.
Réfugiés hongrois - bal
Traditionnellement, pour la haute société hongroise, le bal de la Saint-Étienne est l’occasion de présenter les jeunes filles, ou « débutantes », à leur potentiel soupirant. Durant la soirée, des danses traditionnelles en groupe ou en duo se succèdent. Le repas est servi vers 23 h et la fête continue jusqu’au petit matin.
À Montréal, un premier bal de la Saint-Étienne est donné en 1959 à l’hôtel Windsor. L’évènement est, par la suite, couru par le gratin montréalais. En 1982 et 1984, le premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, en est l’invité d’honneur.
CORBEIL, Yvan, Lise LAURENT-BOYER et Mireille RICHARD. L’œuvre des réfugiés hongrois et l’adaptation à Montréal d’un groupe de réfugiés hongrois : une étude de l’influence de l’ORH sur l’adaptation, au niveau de leurs besoins élémentaires, d’un groupe de réfugiés hongrois arrivés à Montréal entre le quinze décembre 1956 et le quinze juillet 1957 et ayant reçu des services de cette agence, Mémoire (M.A.) (service social), Université de Montréal, 1960, vii, 181 p.
GELLERT, Judith. The Social Adjustment of Hungarian Refugees in Montréal, Mémoire (M.A.) (travail social), Université McGill, 1964, iv, 82 p.