En 1925, marcher sur la rue Notre-Dame Est, de Saint-Laurent à Berri, c’était découvrir la Petite-Syrie, authentique cœur de la vie commerciale et culturelle de la communauté syro-libanaise.
Rue Notre-Dame 1911
Magasin Aboud
Les commerçants syriens ont pignon sur rue
C’est le tournant du XXe siècle qui marque le début de la vie commerciale syrienne rue Notre-Dame Est. Les archives montrent que vers 1899-1900, plusieurs entreprises de tissus et d’articles de mercerie appartenant à des Syriens y ont pignon sur rue : Hochar et Malouf, Rameh, Bosshanna et Couri, Tabah, Goora. Non loin de là, on trouve les Aboud, Abdelnour, Boosamra, Hoosan et Kattini-Malouf Brothers. Au cours des deux décennies suivantes, la présence des commerces syriens rue Notre-Dame prend de l’ampleur. Elle culmine avant la Crise, à la fin des années 1920. Puis elle commence à décliner progressivement à partir des années 1930. La société C & A Anbar, qui vend des tissus et des articles de mercerie, est la dernière à disparaître de ce quartier, vers le milieu des années 1980.
Rue Notre-Dame - incendie 1930
Du côté sud de la rue Notre-Dame, près de la rue Berri, s’élevait la cathédrale Saint-Nicolas, la première église orthodoxe construite par la communauté syrienne au Canada, en 1910. Le déclin commercial aura raison de la cathédrale Saint-Nicolas, qui déménagera plus au nord, sur la rue De Castelnau.
De l’autre côté de la rue et un peu plus à l’ouest, au numéro 203, se trouvait le Syrian Oriental Café, ouvert vers 1919 par Elias Thomas. Ce café devint rapidement le lieu de rassemblement des marchands syriens et de leurs clients, fournisseurs et associés. Quelques années plus tard, on l’a rebaptisé Syrian National Club. On retrouvait aussi des restaurants tenus par des Syriens. Le restaurant Hoosan, sur la rue Bonsecours, le snack-bar de Lubbos et la salle à manger d’Afifi. Dans son appartement, cette dernière servait tous les jours des repas du « vieux pays » aux commerçants de la rue Notre-Dame.
Gabrielle Roy évoque les mille et une nuits
Rue Notre-Dame 192-
Ensemble, commerçants et travailleurs, acheteurs et vendeurs, clients et négociants, tant hommes que femmes, ont fait de cette partie de la rue Notre-Dame le centre de la vie économique syro-libanaise.
Cet article a été réalisé à partir des recherches et des textes de Brian Aboud, rédigés pour le Centre d’histoire de Montréal, dans le cadre de l’exposition temporaire Min Zamaan — Depuis longtemps, présentée au Centre d’histoire de Montréal du 10 octobre 2002 au 8 juin 2003. Il est paru dans le numéro 44 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.