Auteure de renom d’origine anglo-chinoise, Edith Maud Eaton a longtemps vécu à Hochelaga. Très appréciée par la communauté sino-montréalaise, elle mérite d’être mieux connue du public francophone.
Edith Maud Eaton
Selon ce qu’Edith Maud Eaton affirmera plus tard, sa famille était très pauvre. Ses parents la retirèrent de l’école à l’âge de 10 ans et elle dut vendre de porte à porte les tableaux de son père et ses propres ouvrages de dentelle. Ses parents ont plusieurs fois déménagé durant cette courte période à Hochelaga : ils habitent d’abord rue Marlborough (aujourd’hui Alphonse-D.-Roy), puis rue Seaver (aujourd’hui Omer-Ravary) et rue Moreau. Ne pouvant vivre seulement de son art de peintre avant 1889, le père est commis-comptable. En 1882 ou 1883, la famille déménage dans le quartier Saint-Jean-Baptiste. Au moins trois enfants naissent à Hochelaga durant leur séjour.
La santé d’Edith Maud Eaton est fragile : elle souffre d’une dilatation cardiaque due à une fièvre rhumatismale. Sa vie sera souvent déterminée par son état et ses implications. En 1898, après un autre épisode de fièvre rhumatismale, son médecin lui recommande de partir pour la côte ouest américaine. Elle fera continuellement des allers-retours entre Los Angeles, San Francisco, Seattle et Montréal où résident toujours ses parents.
Enquêter pour mieux défendre
Edith Maud Eaton - pierre tombale
Sous le pseudonyme Sui Sin Far, Edith Maud Eaton brosse un portrait réaliste de cette communauté. Elle peut ainsi, de l’intérieur, combattre tous les préjugés qui affligeaient les Chinois d’origine et les Eurasiens. Un recueil de nouvelles paraît en 1912 sous le titre Mrs Spring Fragrance, Leaves from the Mental Portfolio of an Eurasian (Mme Fragrance du printemps, Feuilles du portfolio mental d’une Eurasienne). Une sœur de madame Eaton, Winnifred (1875-1954), a aussi connu une longue carrière d’autrice et de scénariste. Elle utilisait le pseudonyme japonais Onoto Watanna.
En 1909, Edith Maud Eaton s’installe à Boston pour ensuite revenir définitivement à Montréal parce que sa santé se détériore. C’est là qu’elle meurt le 7 avril 1914. Elle est inhumée au cimetière Mont-Royal. En reconnaissance de son travail pour la communauté chinoise, celle-ci érige un monument sur sa tombe. Fait intéressant, du printemps à l’automne, sa tombe est continuellement fleurie, signe que les Sino-Canadiens de Montréal ne l’oublient pas. Heureusement, son œuvre commence à être plus connue, dans la communauté chinoise, mais également dans les milieux qui s’intéressent aux différentes communautés ethniques.
WHITE-PARKS, Annette. Sui Sin Far/Edith Maude Eaton: A Literary Biography, University of Illinois Press, Champaign, 1995.