Peu nombreux à Montréal avant la décennie 1970, les Chiliens s’y établissent en grand nombre à la suite du coup d’État qui frappe leur pays en 1973.
La région métropolitaine de recensement de Montréal comptait en 2011, 10 730 personnes d’origine chilienne. Peu nombreux à Montréal avant le coup d’État de septembre 1973, des milliers de Chiliens se tournent vers le Canada et vers Montréal dans les années qui suivent l’arrivée au pouvoir du dictateur Augusto Pinochet.
Des arrivées nombreuses sous la dictature
Chiliens - avant le départ
Les vagues d’immigration suivantes
Chiliens - Raimundo Ravello
À leur arrivée dans la ville, les Chiliens s’établissent principalement dans des quartiers à prédominance francophone. Si la majorité des premiers arrivants choisissent la ville de Montréal, les vagues d’immigration subséquentes se tournent aussi vers les banlieues nord et sud de la ville. Sur les plans civique et culturel, plusieurs Montréalais d’origine chilienne s’illustrent dans des partis politiques, syndicats et organismes communautaires dès les années 1970. Sur le plan économique, bien que plus scolarisés que la moyenne québécoise, plusieurs immigrants chiliens ont du mal à faire reconnaitre leurs compétences.
Le témoignage de Raimundo Ravello
Chiliens - Raimundo Ravello
Formé comme ingénieur, Raimundo travaille pour la compagnie Citroën au Chili au moment du coup d’État et il perd son travail peu de temps après à cause de ses sympathies connues pour les idées politiques de gauche. Il est emprisonné pendant deux jours par la police militaire en raison de ses opinions, et il s’avère difficile pour lui de conserver un emploi sous la dictature. Partie du Chili vers l’Argentine peu de temps après le coup d’État, la sœur de Raimundo immigre au Canada vers 1975 et s’installe à Longueuil. Ne se sentant plus en sécurité au Chili, Raimundo et sa famille souhaitent aussi partir.
Raimundo présente une demande au consulat du Venezuela et à l’ambassade canadienne. Recevant deux réponses positives, il décide de partir au Canada. Bien qu’on lui offre un emploi dans l’industrie automobile en Ontario, il choisit le Québec et y parvient en juin 1977. Arrivé 15 jours avant sa famille, il est accueilli par sa sœur puis il trouve un travail, et une voiture. Il s’installe avec les siens à Longueuil et il suit des cours de français avec sa femme.
Chiliens - famille Ravello
Il se lie d’amitié avec un collègue qui a voyagé à Cuba du temps de Fidel Castro et se sent interpelé par la cause indépendantiste incarnée par René Levesque. Rapidement, il est attiré par ce mouvement qui lui rappelle son propre engagement politique : « Je suis entré dans ce tourbillon parce que ça ressemblait à mon vécu. » Il continue aussi de participer à des peña, qui sont des réunions entre amis d’origine chilienne. « C’était plutôt pour se réunir le weekend, parler de politique. On pouvait ramasser un peu d’argent pour envoyer à ceux qui étaient vraiment mal pris au Chili. Ça finissait toujours avec de la musique, de la danse. C’était bien pour moi, c’était de très bonnes années. »
À son arrivée à Longueuil, Raimundo a beaucoup de mal à trouver des commerces qui vendent les produits chiliens auxquels sa famille et lui sont habitués. À Montréal, dans la rue Saint-Laurent au coin du boulevard René-Lévesque, il repère un marché dans lequel on vend des articles européens, africains et haïtiens. Il y achète du pain haïtien qui ressemble beaucoup au pain chilien et qui lui rappelle son pays.
enfants Ravello
Chiliens - L'arc
Le 11 septembre 2009, la Ville de Montréal inaugure, au parc Jean-Drapeau de l’île Notre-Dame, une sculpture de Michel de Broin. Cette œuvre d’art public a été créée en mémoire de l’ancien président chilien Salvador Allende, renversé par le général Augusto Pinochet. Les Chiliens de Montréal se rendent en grand nombre à l’inauguration.
La sculpture représente un arbre enraciné à chacune de ses extrémités et formant une arche. Cet arbre et ses racines évoquent l’importance de la transmission. Dans son dernier discours à Radio Magallanes, le 11 septembre 1973, le président Allende s’était en effet exprimé ainsi :
« J’ai la certitude que la graine que nous sèmerons dans la conscience et la dignité de milliers de Chiliens ne pourra germer dans l’obscurantisme. Ils [les militaires] ont la force, ils pourront nous asservir, mais nul ne retient les avancées sociales avec le crime et la force. L’Histoire est à nous, c’est le peuple qui la construit. »
ART PUBLIC MONTRÉAL. « L’ARC, 2009 », [En ligne], Œuvre.
https://artpublicmontreal.ca/oeuvre/larc/
DEL POZO, José. Les Chiliens au Québec. Immigrants et réfugiés de 1955 à nos jours, Montréal, Boréal, 2009, 409 p.
DEL POZO, José. « Les Chiliens au Québec : une histoire de réfugiés et d’immigrants », Migrance, no 34, 2009, p. 135-147.
DEL POZO, José. « L’immigration des Latino-Américains. Une histoire de réfugiés et d’immigrants », dans Histoire d’immigrations au Québec, Québec, Presses de l’Université de Québec, 2014, p. 163-179.
GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. MINISTÈRE DE L’IMMIGRATION ET DES COMMUNAUTÉS CULTURELLES. DIRECTION DE LA RECHERCHE ET DE L’ANALYSE PROSPECTIVE DU QUÉBEC. Portrait statistique de la population d’origine ethnique chilienne recensée au Québec en 2011, [En ligne], 2014.
http://www.quebecinterculturel.gouv.qc.ca/publications/fr/diversite-ethn...