L'encyclopédie est le site du MEM - Centre des mémoires montréalaises

Gabriel Lenoir dit Rolland

01 août 2024

Gabriel Lenoir dit Rolland (1688-1751) est le premier marchand-tanneur de Montréal qui soit né en Nouvelle-France.

Gabriel Lenoir dit Rolland naît à Lachine en 1688. Sa mère, Marie-Madeleine Charbonnier, est fille du roi; elle arrive probablement à Montréal entre 1665 et 1668, alors que Jean Talon est intendant. Son père, François Lenoir dit Rolland (il tient ce nom du prénom de son père, Rolland) arrive quant à lui sur le territoire en 1665.

François Lenoir est engagé comme soldat au sein du régiment Carignan-Salières. Au terme de son contrat, il décide de rester en Nouvelle-France et de se réorienter dans le commerce des fourrures. En 1669, on lui concède des terres sur l’actuel territoire de la ville de Lachine. Il y construit le fort Rolland, un poste de traite fortifié voué au commerce avec les Autochtones. Lachine se développe rapidement après l’érection du fort. On peut présumer que le couple Charbonnier-Lenoir dit Rolland y demeure entre 1670 et 1690, puisque leurs six enfants, nés entre ces dates, sont baptisés sur les lieux.

D’apprenti tanneur à marchand-tanneur

Arts du cuir

Illustration tirée de L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert montrant un aspect du travail de tanneurs, le travail des fosses. Huit personnes font des tâches diverses dans la cour d’une tannerie.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
On connaît peu de choses sur l’enfance de Gabriel Lenoir dit Rolland. On sait toutefois qu’à l’âge de 19 ans, en 1707, il est engagé comme apprenti chez le marchand-tanneur Charles Delaunay. Ce dernier possède une tannerie située à la côte Saint-Pierre et en fonction depuis au moins 1686. Presque à mi-chemin entre Lachine et Montréal, l’entreprise est située à l’écart des noyaux de population puisque le tannage, procédé de transformation des peaux d’animaux en cuir, émet de fortes odeurs. Comme François Lenoir dit Rolland œuvre dans le commerce des fourrures, il est possible qu’il ait eu des relations commerciales avec Delaunay.

Gabriel Lenoir dit Rolland travaille pour Delaunay pendant six ans. Selon l’historienne Jocelyne Perrier, un apprentissage dans le domaine de la tannerie dure en moyenne quatre ans et demi en Nouvelle-France. Il est possible qu’une fois l’apprentissage terminé, Lenoir ait été engagé comme employé, avant de devenir l’associé de Delaunay en 1713. L’année suivante, en 1714, il épouse même la fille de son nouvel associé, Marie-Josèphe, avec qui il aura six enfants. Lenoir dit Rolland poursuit ses activités de tannerie jusqu’à sa mort, en 1751.

Les Rolland et le village des tanneries

Tannerie

Illustration couleur montrant huit hommes effectuant diverses tâches dans une tannerie.
Wikimedia Commons
L’histoire de la famille Lenoir dit Rolland continue de s’écrire autour de l’ancienne tannerie : les fils issus de l’union Delaunay-Lenoir vont eux-mêmes devenir marchands-tanneurs, probablement après avoir œuvré pour l’entreprise de leur père. Le recensement de 1781 donne à ce sujet des informations éclairantes. On dénombre alors 12 maisons dans le secteur de la première tannerie; 8 d’entre elles comportent une tannerie et 6 de ces 8 tanneries appartiennent aux fils ou petits-fils de Gabriel Lenoir dit Rolland. L’une des deux autres restantes appartient à Louis Delaunay, descendant de Charles Delaunay. Il n’est pas rare à l’époque que la tannerie fasse partie du bâtiment où logent les tanneurs et leur famille. On aménage alors la tannerie au rez-de-chaussée et le logement à l’étage, ou encore, la tannerie d’un côté de l’édifice et les pièces d’habitation de l’autre.

Ces différents bâtiments établis le long du Upper Lachine Road (autrefois chemin de la Côte-Saint-Pierre) sont à l’origine de ce qu’on appelle au début du XIXe siècle le « village des Tanneries ». Pendant longtemps, on désigne aussi ce secteur sous le nom de « Tanneries-des-Rolland » en raison de la proportion importante de la famille Rolland au sein de la population locale. Les Lenoir-Rolland continuent de marquer l’histoire du village aux XIXe et XXe siècles, alors que plusieurs descendants de Gabriel Lenoir dit Rolland œuvrent dans les métiers du cuir ou comme marguilliers de paroisse (laïcs administrant la construction et l’entretien de l’église). Selon le recensement canadien de 1911, des Lenoir habitent toujours dans le secteur au début du XXe siècle.

Références bibliographiques

AUCLAIR, Élie-Joseph. Saint-Henri des Tanneries de Montréal, Montréal, Imprimerie De-La-Salle, 1942. 

PERRIER, Jocelyne. « Les techniques et le commerce de la tannerie à Montréal au XVIIIe siècle », Scientia Canadensis, vol. 24, 2000, p. 51-72. 

SÉGUIN, Catherine. Herméneutique de la forme urbaine : le cas de la place Saint-Henri et du square Jacques-Cartier, (Mémoire (M.A.), Université du Québec à Montréal (Archipel), 2008. 

SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE SAINT-HENRI. Histoire de Saint-Henri, Société historique de Saint-Henri. 

« LENOIR dit ROLLAND, Gabriel », Généalogie des Français d’Amérique du Nord