La construction du site de l’Exposition en moins d’un an relevait de l’impossible. Une fastueuse cérémonie célèbre cet accomplissement et annonce au monde que l’Exposition sera prête à temps.
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Il fallait maintenant annoncer au monde que le site était disponible et que l’Exposition serait prête pour son ouverture en avril 1967. Pour ce faire, le maire Drapeau planifia, avec l’aide de son complice, Pierre Dupuy, le commissaire général de l’Expo, ainsi que celle des multiples services de la Ville de Montréal, une cérémonie digne des plus grandes célébrations liturgiques de l’époque : la Nuit des Îles. Pour en signifier l’importance, la majorité des membres du Bureau International des Expositions, en tournée exceptionnelle au Canada, furent présents à cette cérémonie.
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Aménagement du site partiellement achevé
En réalité, on ne remettait pas à la Compagnie canadienne de l’Exposition la totalité du site ce soir-là. L’achèvement du remblayage, sous la responsabilité de la Ville, de certains secteurs de l’île Ronde ainsi que de l’île Notre-Dame prendrait encore quatre mois. De plus, le secteur de la jetée Mackay (future Cité du Havre) et celui du stationnement Victoria, terrains sous la responsabilité du gouvernement fédéral et dont les travaux de remblayage étaient assumés par la Compagnie canadienne de l’Exposition (à la demande de la Société des ports nationaux), ne faisaient pas l’objet d’un transfert officiel et n’étaient pas encore complétés le 30 juin. Par contre, les terrains nécessaires au début des travaux d’aménagement en sous-sol du site (conduites pour l’électricité, les égouts, l’eau potable, le gaz naturel, etc.) étaient prêts.
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Accueil et transport de 7000 personnalités
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On fit construire, en quelques jours, d’immenses estrades pour les invités ainsi qu’un quai temporaire et on fit aménager une très grande scène en terre battue pour le spectacle équestre de la Gendarmerie royale du Canada (le Carrousel de la GRC). De plus, on avait prévu une illumination spectaculaire du site lors de la signature du bail par Pierre Dupuy, officialisant ainsi le transfert du site de la Ville vers la Compagnie canadienne de l’Exposition. Il fallut donc procéder à une installation électrique temporaire de grande envergure pour les multiples projecteurs. Bref, les services municipaux furent utilisés au maximum de leur capacité.
Pour la Nuit des Îles, les procédures de sécurité furent importantes et impliquèrent plus de 600 policiers en fonction sur l’île Sainte-Hélène. Il fut aussi décidé que les Montréalais qui assisteraient aux cérémonies de remise des îles le feraient à bonne distance des invités, à l’arrière d’une clôture, pour éviter tout incident. Et pour prévenir les débordements nationalistes, comme ceux que la ville avait connus lors du précédent défilé de la Saint-Jean, le chef de police, probablement à la « suggestion » du maire, procéda à l’arrestation arbitraire et « préventive » d’une soixantaine de jeunes alors qu’ils essayaient de se rendre sur l’île. Ils furent emprisonnés et questionnés jusqu’au petit matin; puis relâchés sans être mis en accusation dès que la cérémonie fut terminée.
On annonçait des averses dispersées pour ce soir-là, mais le maire Drapeau avait promis qu’il ne pleuvrait pas… et il ne plut pas. On n’avait pas pris de risque malgré tout et la Ville avait acheté plus de 7000 imperméables en plastique au cas où…
Spectacles en tous genres
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Ils prirent place à bord d’un petit catamaran, spécialement construit pour l’occasion, dont l’illumination reprenait la silhouette d’une caravelle. À son bord se trouvaient une caméra de télévision ainsi qu’un chroniqueur. À 23 h 16, le petit catamaran quitta le quai Victoria pour se diriger vers le débarcadère spécialement aménagé sur l’île Sainte-Hélène. Alors qu’il quittait le quai, une frégate de la Marine canadienne, le HMCS Lanark (FFE-321), ancrée au centre du fleuve, salua son passage par une salve de 21 coups de canon. Ce navire militaire, vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, était venu spécialement d’Halifax pour cette cérémonie.
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La ville s’illumine
Entra alors en jeu le carillonneur Émilien Allard qui sonna chacun des 12 coups de minuit. À chaque son de cloche, une partie de la ville s’illumina : au premier coup, la croix du mont Royal. Puis, à tour de rôle, ont été éclairés la voie Camillien-Houde, les édifices de la Place Victoria, l’ancienne Banque Royale, la Banque de Commerce, la Sun-Life, la C-I-L, la Place Ville-Marie, la Prévoyance, Hydro-Québec, puis le port de Montréal et, au 12e coup, le ciel au-dessus de l’emplacement où se déroulait la manifestation. On se serait cru en plein jour. Pierre Dupuy et le maire de Montréal signèrent alors le bail, transférant effectivement la propriété du site à la Compagnie canadienne de l’Exposition, pour la somme de un dollar par année, et ce, jusqu’en juin 1969.
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Au milieu d’un feu d’artifice particulièrement intense, le premier ministre du Québec, M. Jean Lesage, accompagné par le ministre fédéral du Commerce, M. Mitchel Sharp (le premier ministre Pearson s’étant fait remplacer à cause des célébrations du 1er juillet, à Ottawa), hissa officiellement pour la première fois le drapeau de l’Exposition. La Fanfare des vétérans entonna alors le God save the Queen, aux cris de désapprobation de la majorité des spectateurs présents, puis le Ô Canada, mieux accueilli cette fois. Les organisateurs de l’Expo ont vite saisi que le God save the Queen était un hymne d’une autre époque et ils évitèrent par la suite de l’utiliser lors des cérémonies officielles de l’Exposition (sauf, évidemment, lors de la visite du couple royal britannique).
Il y eut alors un petit incident qui aurait pu avoir des conséquences assez graves : à cause d’une erreur humaine ou du changement brusque de la direction des vents, deux des fusées du feu d’artifice atterrirent au milieu des participants. Une tomba au pied d’une des estrades sans réellement faire de dégât, mais l’autre vint se loger, ironiquement, au centre de l’Orchestre philharmonique des pompiers, ne blessant heureusement personne, mais détruisant une clarinette et quelques feuilles de musique…
Début des travaux d’aménagement
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Dès que le document fut signé et que Pierre Dupuy prit officiellement possession des îles, il ordonna le début des travaux d’aménagement. Le contour des îles Sainte-Hélène et Notre-Dame s’embrasa alors d’une lumière blanche éclatante, et on entendit, au loin, le bruit des niveleuses qui entrèrent en action afin de préparer le terrain pour recevoir les pavillons. La deuxième phase de l’histoire de l’Exposition universelle et internationale de Montréal de 1967 venait de s’amorcer : l’aménagement des terrains et la construction des centaines de bâtiments nécessaires pour recevoir le monde entier. À minuit trente, au cours d’une cérémonie hautement protocolaire, Expo 67 achevait sa période la plus difficile. Maintenant, il ne restait plus qu’à tout construire… À moins de trois ans de l’ouverture officielle, le 28 avril 1967!