Disparu trop tôt, Robert Gravel, comédien hors du commun, a contribué à l’évolution de la pratique théâtrale au Québec et a cocréé la Ligue Nationale d’Improvisation.
Robert Gravel
Le jeune homme développe son intérêt pour les arts et pour le métier de comédien tout en faisant son cours classique. Une fois ces études terminées, il entre au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, dont il sort diplôme en poche en 1969. Le metteur en scène Paul Buissonneau l’embauche alors pour sa production estivale du Théâtre de la Roulotte. Comme plusieurs jeunes artistes talentueux de l’époque, Robert Gravel fait ses débuts devant un public d’enfants, en tournée dans les parcs de Montréal.
Théâtre, télévision et cinéma
Robert Gravel
Vers un théâtre expérimental
Robert Gravel
Gravel et Leduc explorent l’idée d’aller vers quelque chose de plus ludique. C’est ainsi que naît la Ligue Nationale d’Improvisation (LNI), sorte de jeu théâtral calqué sur une partie de hockey. Le premier match a lieu en 1977. C’est un succès instantané, et la Ligue prend rapidement de l’expansion. Une équipe de Québec se joint à celles de Montréal, des matchs sont diffusés à la télévision, le concept se répand dans la province, puis jusqu’en Europe.
Si la LNI fonctionne bien, il n’en est pas de même pour le Théâtre expérimental de Montréal. En 1979, Gravel, Ronfard et quelques complices quittent le navire pour créer le Nouveau Théâtre expérimental. La caserne de pompiers de la rue Fullum devient leur quartier général et prend le nom d’Espace libre.
Une carrière éclatée
Robert Gravel
Robert Gravel joue aussi dans ses propres créations. En 1991, il amorce la présentation d’une trilogie de son cru, à l’Espace libre, avec Durocher le milliardaire, suivi de L’homme qui n’avait plus d’amis et enfin Il n’y a plus rien. Sa dernière pièce aura pour titre Thérèse, Tom et Simon.
Souffrant depuis plusieurs années de surmenage et de difficultés respiratoires, Robert Gravel décide de prendre une pause à la campagne en 1996. Il a trop attendu : un infarctus le terrasse le 12 août, à l’âge de 51 ans.
Sa mort subite laisse dans le deuil une grande famille de comédiens, dont plusieurs sont des amis proches ou le considèrent comme un mentor. Les hommages pleuvent. Sa mémoire survit grâce aux œuvres marquantes qu’il nous laisse en héritage, à des documentaires touchants et à une biographie qui rend hommage à cet homme profondément humain et intensément créatif. Robert Gravel était un rassembleur, un explorateur provocant, un touche-à-tout qui savait même dessiner! Une école secondaire de la CSDM a été baptisée en son honneur; les élèves y participent à un programme art-études en art dramatique. Une rue du Plateau-Mont-Royal porte aussi son nom. Gravel y est en bonne compagnie, sa rue faisant l’angle avec celle de Pauline Julien et étant suivie de près par celle de Gerry Boulet.