En 1833, 42 Montréalais élisent, indirectement, le premier maire de la ville, Jacques Viger. C’est la naissance de la politique municipale et l’entrée d’un homme dans l’histoire de Montréal.
Plan 1830
L’instauration de la démocratie municipale
Jacques Viger
En juin 1833, seulement une poignée de personnes prend part aux élections : 42 hommes (sur une population totale de 30 000 personnes), tous propriétaires, résidants de la ville depuis au moins un an… La démocratie municipale vient de naître, mais bien timidement! Dans chacun des huit quartiers de la cité, les rares électeurs ont voté pour deux conseillers, dont le mandat se limite à un an. Les 16 représentants (9 anglophones et 7 francophones au moment de l’élection) choisissent un des leurs, Jacques Viger, pour devenir maire. Qui est donc l’homme qui a eu l’honneur d’être le premier à occuper ce poste?
Milicien, fonctionnaire et… patriote?
Avant d’entreprendre sa carrière en politique municipale, c’est comme officier de milice durant la guerre de 1812 que l’on retrouve Jacques Viger. Jeune lieutenant de 25 ans, il reçoit rapidement sa promotion en tant que capitaine et participe à une seule bataille, à Sackets Harbor, dans l’état de New York. Il sert dans la milice jusqu’à la fin de sa vie, mais la vocation militaire n’occupera plus à plein temps cet homme énergique.
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En plus d’être un travailleur acharné, Jacques Viger s’appuie sur un réseau de contacts particulièrement riche. Par sa famille, il est apparenté aux milieux nationalistes bas-canadiens : il compte parmi ses cousins Denis-Benjamin Viger, député influent, et surtout Louis-Joseph Papineau, remuant chef du Parti patriote. Un autre de ses cousins a peut-être contribué à modérer ses opinions politiques : Jean-Jacques Lartigue, premier évêque de Montréal.
Maire à une époque particulièrement troublée
Armoiries - Album Viger
Dans le contexte de crise politique permanente des années 1830, où s’affrontent patriotes et partisans du gouvernement colonial britannique, Jacques Viger apparaît comme un nationaliste modéré. S’il participe à des manifestations patriotiques comme le premier banquet de la Saint-Jean-Baptiste en 1834, il ne se joindra pas à la révolte armée de 1837-1838 contre l’armée anglaise.
L’érudit curieux
Souvenirs canadiens p. 186 - 1831
La réalisation la plus durable du premier maire de la ville est certainement la création en 1833 des armoiries de la municipalité. Les quatre symboles représentent les principaux groupes vivant à Montréal au XIXe siècle : les Anglais avec la rose, les Écossais avec le chardon, les Irlandais avec le trèfle et les Canadiens français — comme on appelle alors la population francophone d’origine française — représentés à l’origine par le castor, qui se veut le symbole du caractère industrieux des Montréalais. La croix qui divise les armoiries en quatre quartiers rappelle la mission d’évangélisation à l’origine de la fondation de Ville-Marie. Viger accompagne ces symboles d’une devise rassembleuse, Concordia Salus. La devise, qui signifie « le salut par la concorde », se voulait une incitation à la bonne entente entre les différentes communautés de la cité : elle prend toute sa signification lorsqu’on songe au contexte durant lequel elle a été choisie!
Les armoiries ont été redessinées une première fois en 1938 afin d’être conformes aux règles de l’héraldique : comme il n’est pas logique d’avoir un animal et trois fleurs, le castor est retiré et le lys qui le remplace est placé dans le premier quartier du drapeau (en haut à gauche) pour indiquer que les Français sont les premiers Européens à avoir immigré à Montréal. Suivent les Anglais, les Écossais et les Irlandais, qui conservent les symboles qui les représentaient au XIXe siècle.
Le 13 septembre 2017, la Ville de Montréal y ajoute un symbole autochtone : le pin blanc. Ce symbole a été choisi au terme d’un processus d’environ un an regroupant des représentants des nations autochtones et de la Ville de Montréal. Les Premières Nations n’étaient pas présentes sur les symboles officiels de la Ville jusqu’alors. Le pin blanc représente la paix, l’harmonie et la concorde. Il prend place au centre d’un cercle ouvert aux quatre directions, qui représente le cercle de la vie ainsi que le feu du conseil, lieu de rencontre et de discussion.
BLANCHET, Renée, et Léo BEAUDOIN. Jacques Viger, une biographie, Montréal, VLB éditeur, 2009, 270 p.
MARSOLAIS, Claude-V., Luc DESROCHERS et Robert COMEAU. Histoire des maires de Montréal, Montréal, VLB éditeur, 1993, p. 19-24.
ROBERT, Jean-Claude. « Jacques Viger », [En ligne], Dictionnaire biographique du Canada. (Consulté le 22 janvier 2016)
http://www.biographi.ca/fr/bio/viger_jacques_8F.html