La renommée architecte montréalaise Phyllis Lambert est une ardente défenseure du patrimoine et de la démocratie participative. Elle a notamment soutenu les citoyens de Milton Parc.
« Les villes fleurissantes (florissantes) sont gérées avec une équité démocratique où nous pouvons sentir les fleurs et entendre les oiseaux. » — Phyllis Lambert
Phyllis Lambert
Elle est la fille de Saidye Bronfman et Samuel Bronfman, fondateur de la réputée distillerie Seagram. À l’âge de 27 ans, elle appuie avec détermination la candidature de Ludwig Mies van der Rohe pour être l’architecte de l’immeuble que son père veut construire à New York. La jeune femme dirigera ainsi la planification du Seagram Building, désormais un joyau de l’architecture new-yorkaise. Phyllis Lambert obtient ensuite une maîtrise en architecture de l’Illinois Institute of Technology de Chicago. Elle conçoit plus tard le Centre Saidye Bronfman, inauguré en 1968 à Montréal. De retour à Montréal, Phyllis Lambert s’investit dans la préservation du patrimoine. C’est ainsi qu’elle met ses talents au service des Montréalais de Milton Parc.
Au début des années 1970, les citoyens du quartier font face au projet La Cité de Concordia Estates. Ce promoteur prévoit la construction de hautes tours modernes abritant des logements, des bureaux, des commerces et un hôtel. Mais la réalisation de La Cité menace l’ensemble d’un quartier dont le cadre bâti date du XIXe siècle. Ce sont autant les maisons et les immeubles que le milieu de vie que les citoyens veulent préserver. La lutte est acharnée, mais la population parvient à défaire le promoteur. En 1975, Phyllis Lambert fonde Héritage Montréal. C’est à cette époque qu’elle s’implique dans la mise sur pied de la Société d’amélioration Milton Parc. L’organisme est l’un des rouages importants de la création d’un rassemblement de coopératives d’habitation et de maisons de chambres, le plus grand au Canada.
Un an après la démolition de la prestigieuse maison Van Horne en 1973, symbole du développement sauvage, Phyllis Lambert achète et préserve la maison Shaughnessy, construite en 1874. Le site accueille plus tard le Centre Canadien d’Architecture, dont elle est la directrice fondatrice émérite. Créé en 1979, il s’agit du plus important centre international de recherche et musée consacré à l’art de l’architecture. Cet établissement culturel avant-gardiste a pour mission de sensibiliser le public au rôle de l’architecture dans la société, de promouvoir la recherche de haut niveau dans ce domaine et de favoriser l’innovation dans la pratique du design. Phyllis Lambert milite également pour l’aménagement du Vieux-Port. Elle siège au conseil d’administration de la Société du Vieux-Port, fondée en 1981, pendant plus de deux décennies. Elle y fait la promotion de la participation citoyenne grâce à des consultations publiques menées auprès des Montréalais.
Ardente défenseure de la démocratie participative, Phyllis Lambert préside l’Institut de politiques alternatives de Montréal. Elle prolonge ainsi son engagement actif envers la ville et son façonnement, avec pour objectif la qualité de vie des citoyens. La Ville de Montréal lui rend hommage en créant la bourse Phyllis-Lambert Design Montréal, en 2008, et en la nommant « Bâtisseuse de la Cité », en 2014. L’impact de Phyllis Lambert sur Montréal est indéniable. En 2019, l’organisme MU lui dédie l’une de ses murales de la série Les bâtisseurs culturels montréalais. Réalisée au coin des rues Jeanne-Mance et Milton, elle rappelle aux habitants que la participation citoyenne est au cœur d’une ville dynamique.
WAGG, Susan. « Phyllis Lambert », Encyclopédie canadienne, 2008, (mis à jour le 14 février 2019). (Consulté le 19 mars 2023).