Apprendre et s’améliorer est fondamental pour Sanaâ Moâtaz. Cette aspiration et le goût de l’aventure, hérités de son grand-père, ont été les moteurs de son émigration du Maroc vers Montréal.
Dans le cadre du projet Mémoires d’immigrantes, le Centre d’histoire de Montréal a rencontré des Montréalaises venues d’ailleurs qui ont généreusement raconté leur récit personnel. Une série d’articles « Témoignages » dresse les grandes lignes de parcours uniques qui s’enchâssent et contribuent à l’histoire de la ville.
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C’est la recherche de l’accomplissement « d’une légende personnelle » qui a incité Sanaâ Moâtaz à quitter le Maroc pour Montréal. « Je cherche quelque chose au-delà de ce que j’avais », affirme-t-elle. Alors que 60 % de la population marocaine vivant à Montréal se déclare mariée et non séparée en 2011, c’est seule et célibataire que Sanaâ, âgée de 29 ans, arrive au Québec le 5 juin 2015.
La recherche d’une « légende personnelle »
Sanaa Moataz
Néanmoins, elle s’y était bien préparée en participant au Service d’intégration en ligne offert par le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion. À travers ce programme, qui propose différents modules de préparation pour l’intégration à la société québécoise et au marché du travail, Sanaâ a mis en place son plan d’action. « Un projet d’immigration, ça se prépare […] J’avais dans la tête, comme dans mon ordinateur, trois plans », annonce-t-elle. Sa vision de l’immigration était déjà très claire. Infirmière de profession, la jeune femme a effectué son processus d’équivalence auprès de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) avant son arrivée à Montréal, pour accélérer son intégration.
Le bénévolat, une porte d’entrée au marché du travail
Sanaa Moataz
« J’ai une vision, j’ai des stratégies […] J’étais vraiment très ouverte à toute suggestion, à toute nouvelle participation même si ça ne faisait pas vraiment le lien avec mon domaine en tant qu’infirmière », déclare Sanaâ. En effet, en attendant d’entreprendre sa formation au cégep Édouard-Montpetit pour compléter les cours exigés par l’OIIQ, Sanaâ a fait du bénévolat dans différents organismes communautaires, pour lesquels elle a pu mettre à profit ses compétences. Grâce à son autre diplôme universitaire, en sciences anglaises et linguistiques, elle a naturellement répondu à une offre de formatrice en anglais, poste pour lequel elle a été recrutée.
Par la suite, après une rencontre avec une conseillère en emploi du Collectif des femmes immigrantes du Québec, Sanaâ a été sélectionnée pour effectuer différentes présentations auprès des femmes québécoises (dans le cadre d’un projet subventionné par la Ville de Montréal) sur des thèmes variés, comme la femme et la religion. « Je suis une femme voilée et je suis fière de l’être, parce que c’est un choix », déclare Sanaâ. Consciente des questionnements que peut susciter le port du voile au Québec, Sanaâ a continuellement été ouverte à l’échange. « Oser parler et oser demander le pourquoi des choses [ainsi qu’]une simple explication peuvent démystifier tout un stéréotype ou tout un préjugé », ajoute-t-elle.
Au-delà des apparences : une attitude ouverte pour s’intégrer
Sanaa Moataz - grand-père
Une attitude d’ouverture et de dialogue remarquable à une époque où une loi sur la laïcité de l’État est adoptée au Québec et soulève de vives polémiques. Pour Sanaâ, le port du voile n’a pas constitué un frein à l’intégration, jusqu’à présent. Durant sa formation, elle ne s’est jamais sentie traitée différemment par le corps enseignant. En 2016, elle a terminé sa formation à temps plein au cégep Édouard-Montpetit et a commencé sa préparation à l’examen de l’Ordre. Examen auquel elle a échoué la première fois, ce que la jeune femme accueille comme une leçon de vie : « L’échec est un diplôme aussi […] J’ai changé toutes mes stratégies. » L’expérience lui a été bénéfique puisqu’elle a obtenu son examen et exerce le métier infirmière depuis le 28 juin 2018.
C’est donc à travers la singularité de son parcours, mais aussi par sa détermination, sa soif d’apprentissage et son ouverture que Sanaâ rend hommage à son grand-père. « Moi, si on me dit d’aller à l’extrémité du monde pour apprendre une nouvelle chose, je ne dirai pas non. On vit pour apprendre et on vit pour s’améliorer », affirme la jeune femme. C’est cette façon d’appréhender la vie, propre à son grand-père, monsieur Bendoud Moâtaz, qui a contribué à développer, chez elle, le goût de l’apprentissage et de l’aventure.
GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. « Portrait statistique de la population d’origine ethnique marocaine au Québec en 2011 », Immigration, Diversité et Inclusion Québec, [En ligne], 2014.
http://www.quebecinterculturel.gouv.qc.ca/publications/fr/diversite-ethnoculturelle/com-marocaine-2011.pdf
CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME, QUÉBEC. Étude. La participation au marché du travail des femmes immigrées du Maghreb, une étude de cas, [En ligne], Conseil du statut de la femme, décembre 2014.
https://www.csf.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/etude-la-participation-au-marche-du-travail-des-femmes-immigrees-du-maghreb-un-cas-detude.pdf