Des groupes minoritaires au sein de la société égyptienne émigrent à Montréal dès les années 1950. Au fil des décennies, l’immigration égyptienne dans la métropole se complexifie.
Pendant la période qui s’échelonne entre 1945 et 1975, 18 939 immigrants en provenance d’Égypte arrivent au Canada. Au moment de leur départ, 68 % d’entre eux comptaient s’établir au Québec. Montréal reçoit la vaste majorité de ces immigrants qui sont principalement coptes et parlent le français.
Les premiers Égyptiens à Montréal
Égyptiens - passeport Expo 67 Christiane
Les premiers Égyptiens qui s’installent à Montréal appartiennent surtout à des groupes minoritaires qui fuient l’Égypte dans les années 1950 et 1960. L’arrivée de Gamal Abdel Nasser à la présidence égyptienne en 1956 et le mouvement de nationalisation qui s’en suit accentuent ce phénomène. Les groupes minoritaires se sentent menacés par les politiques du président Nasser. Les Coptes, minorité égyptienne chrétienne, émigrent en grand nombre alors qu’ils sont marginalisés dans la société égyptienne. Pendant les années qui suivent la guerre israélo-arabe de 1948, des familles égyptiennes de religion juive quittent aussi l’Égypte. Plusieurs d’entre elles sont expulsées pendant la crise du canal de Suez en 1956 et s’installent à Montréal. La famille de l’écrivain montréalais Victor Teboul quitte l’Égypte dans ce contexte. Bien que moins nombreux, des Égyptiens musulmans aisés quittent aussi leur pays : en raison des changements opérés par le gouvernement socialiste de Nasser, ils craignent de perdre leurs privilèges. Établis en Égypte, des migrants d’origine syro-libanaise de même que des Arméniens et des Grecs gagnent aussi Montréal et sont y considérés comme Égyptiens.
L’immigration égyptienne depuis 1975
Égyptiens
L’immigration égyptienne se poursuit à Montréal à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Entre 1990 et 2009, l’immigration égyptienne au Canada et à Montréal connait une hausse importante. Les migrants égyptiens qui arrivent alors au Canada recherchent de meilleures conditions de vie et de meilleures perspectives d’emploi, et certains d’entre eux souhaitent rejoindre leur famille déjà installée dans la ville. Une proportion plus importante d’immigrants égyptiens de religion musulmane s’installe dans la métropole québécoise pendant ces années, comparativement à la période précédente. En 2006, 16 550 personnes d’origine égyptienne habitent dans la région métropolitaine de recensement de Montréal, qui comprend Montréal et ses banlieues. Cela représente 92, 2 % de la population égyptienne établie au Québec. La ville de Montréal compte à elle seule 7915 personnes d’origine égyptienne. Les arrondissements de Saint-Laurent, Pierrefonds-Roxboro, Ahuntsic Cartierville et Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce comptent à eux seuls 58,2 % de la population égyptienne de la ville cette année-là.
Collaboration à la recherche et à la rédaction : Daisy Boustany
La présence copte à Montréal se manifeste à travers deux groupes : les Coptes orthodoxes et les Coptes catholiques. À leur arrivée, les familles coptes orthodoxes sont majoritairement accueillies dans l’église orthodoxe syrienne Saint-Nicolas, bien que quelques-unes se dirigent aussi vers l’église Saint-Sauveur. Le premier prêtre de la communauté copte orthodoxe montréalaise, le père Rafael Y. Nakhla, est ordonné en mars 1967. Il célèbre les messes coptes orthodoxes à l’église Saint-Nicolas dès son ordination. En 1976, la communauté copte orthodoxe acquiert l’église Saint-Gabriel-Lalemant située dans le quartier Villeray. Transformé en lieu de culte copte orthodoxe, le bâtiment prend le nom d’église Saint-Mark et dessert cette communauté depuis.
Les Coptes catholiques, quant à eux, sont d’abord accueillis dans une église catholique de rite oriental, l’église Saint-Sauveur. Cette église de rite melchite catholique accueillait déjà une communauté libanaise importante, établie dans la ville plusieurs décennies auparavant. Plusieurs Coptes catholiques s’intègrent à la vie de cette église, semblable à celle de l’église copte pour divers aspects. L’église copte catholique Notre-Dame-d’Égypte est consacrée à Laval en 1987.
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