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Léa Roback, syndicaliste et infatigable militante

10 mai 2016

En 1937, Léa Roback réussit à syndicaliser 5 000 ouvrières après une grève féminine d’une ampleur inégalée à Montréal. Sa vie durant, elle s’est dévouée « à la cause des femmes et de l’humanité ».

Léa Roback

Portrait de Léa Roback en 1940
Archives de la Bibliothèque publique juive de Montréal.
Voilà une femme qui s’impliquait sans compter pour faire avancer les causes qui lui tenaient à cœur. Léa Roback nait à Montréal en 1903, dans une famille juive polonaise qui s’installe ensuite à Beauport avec ses neuf enfants. À 16 ans, Léa revient à Montréal; elle y travaille pour réaliser ses rêves de voyage : Espagne, Italie, France, Allemagne… À Berlin, elle assiste à la montée du nazisme, se politise et s’inscrit au parti communiste. L’antisémitisme grandissant, elle décide de regagner Montréal en 1932, un an avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir.

Elle part encore, cette fois vers New York, puis vers la Russie, avant de s’établir à Montréal pour de bon. Léa Roback ouvre la première librairie marxiste de la ville, travaille pour le candidat communiste Fred Rose, puis se lance dans l’organisation syndicale. Elle réussit, parlant français, anglais et yiddish, à syndicaliser 5 000 ouvrières de la robe en 1937. La convention collective est signée après une grève féminine d’une ampleur jamais vue à Montréal.

Grève des midinettes en 1937

Grévistes devant des magasins de la rue Sainte-Catherine en 1937.
Archives de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.

En 1942, Léa Roback travaille à l’usine RCA Victor, à Saint-Henri. On y trouve 4 000 employés, dont la moitié sont des femmes. Cette fois, c’est sans avoir recours à la grève que la militante réussit à implanter un syndicat industriel.

Jusqu’à sa mort à 96 ans, en 2000, Léa Roback n’a pas cessé de militer. Elle a joint la Voix des femmes, une organisation pacifiste, s’est activée dans le mouvement féministe et a manifesté contre la guerre du Vietnam, l’armement nucléaire, l’apartheid et l’injustice sociale sous toutes ses formes. Son amie, la syndicaliste Madeleine Parent, soulignait d’ailleurs « l’inlassable dévouement de Léa Roback à la cause des femmes et de l’humanité ».