Figure montréalaise de l’engagement civique et social, Madeleine Parent a consacré sa vie au militantisme syndical et à la lutte pour les droits des femmes.
Madeleine Parent 1946
Vers la fin de ses études, la jeune Madeleine rencontre Léa Roback, qui l’encourage à se lancer dans l’organisation syndicale. Ces deux femmes de tête deviennent amies et compagnes d’armes. Madeleine participe bientôt à l’organisation des travailleurs et travailleuses des industries de guerre, puis s’engage dans la syndicalisation des industries du textile, milieux majoritairement féminins et aux emplois sous-payés. Une fois ses études universitaires terminées, s’impliquant ainsi auprès de la classe ouvrière, elle se rapproche des travailleuses.
Gagner le respect par l’action militante
Madeleine Parent 1951
Avec leur participation active dans la mise en place des syndicats, les ouvrières élargissent leurs domaines de revendication. Elles veulent non seulement de meilleures conditions de travail, mais aussi plus d’indépendance et de dignité, ce qui ouvre la voie à une démarche féministe. Madeleine Parent, constatant le changement en cours, comprend qu’il faut développer des alliances et des solidarités entre les ouvrières et les autres femmes de la société. La dure réalité des travailleuses d’usine est souvent méconnue dans les milieux féministes, et Madeleine Parent s’emploie à changer cette situation pour faire valoir les droits des moins favorisées.
Kent Rowley
Améliorer le statut de la femme
Madeleine Parent s’active toujours contre la discrimination des femmes en milieu de travail et milite pour faire adopter la loi sur l’équité salariale, tant au niveau provincial que fédéral. Tout en continuant d’œuvrer dans le milieu syndical, elle s’implique au sein du Comité canadien d’action sur le statut de la femme (CCA) dès sa création en 1972. Elle tient mordicus à ce que les ouvrières aient une voix dans cette nouvelle organisation féministe. Elle y soutient aussi les femmes autochtones, appuyant par exemple les revendications de la Mohawk Mary Two-Axe Early, qui dénonce le fait que les femmes perdent leurs droits d’Indiens lorsqu’elles épousent un Blanc.
Kent Rowley meurt en 1978, mais Madeleine poursuit son militantisme syndical et sa lutte pour les droits des femmes. Elle siège au comité exécutif du CCA et elle s’active aussi dans les coulisses, ne négligeant pas la relève et prodiguant trucs et conseils aux futures générations militantes. Elle ne cesse de lutter pour une meilleure qualité de vie des femmes, qu’elles soient travailleuses, immigrantes, handicapées, âgées ou défavorisées.
Avec les femmes du Québec
Après avoir pris sa retraite du monde syndical, en 1983, Madeleine Parent revient s’installer à Montréal. La travailleuse a pris congé, mais pas la militante. On la voit marcher, en 1989, lors d’une manifestation en appui à Chantal Daigle pour le droit à l’avortement. En 1992, en vue du Forum pour un Québec pluriel, elle facilite les rencontres entre les groupes de femmes immigrantes, puis entre ces groupes et la Fédération des femmes du Québec. Pour une première fois, les femmes des communautés culturelles participent en grand nombre à des discussions sur l’avenir des femmes au Québec. Parce qu’elle s’est acquis la confiance des femmes, Madeleine Parent agit comme médiatrice et favorise le dialogue entre des groupes qui auparavant n’auraient pu se rencontrer. Depuis, les revendications des femmes immigrantes font partie des préoccupations de la Fédération des femmes du Québec.
Cet organisme met sur pied en 1995 la campagne Du pain et des roses. Madeleine Parent participe à cette manifestation contre la féminisation de la pauvreté, au cours de laquelle des milliers de personnes marchent entre Montréal et Québec durant trois jours. On la retrouve aussi à la Marche internationale des femmes, en 2000, puis au Sommet des peuples des Amériques, à Québec, en 2001, en soutien aux peuples autochtones.
Après avoir tant travaillé pour les femmes, Madeleine Parent a beaucoup marché pour elles, et avec elles, cheveux blancs au vent. Née à Montréal en 1918, elle s’y éteint des suites d’une maladie en 2012. Lors de son décès, plusieurs personnalités ont souligné son rôle capital dans l’orientation du mouvement des femmes au Canada et au Québec.
LÉVESQUE, Andrée (dir.). Madeleine Parent militante, Montréal, Les Éditions du remue-ménage, 2003, 126 p.
LACELLE, Nicole. Entretiens avec Madeleine Parent et Léa Roback, Montréal, Les Éditions du remue-ménage, 2005, 173 p.