L'encyclopédie est le site du MEM - Centre des mémoires montréalaises
Traductions

L’art chinois à Montréal

26 mai 2021

De l’opéra cantonais aux expositions d’art contemporain, la foisonnante histoire de l’art chinois à Montréal.

Des débuts bercés par des airs d’opéra cantonais

Opéra cantonais

Photo en noir et blanc de six comédiens et musiciens d’origine chinoise sur une scène de théâtre.
BAnQ Vieux-Montréal, fonds Conrad Poirier. P48,S1,P5185.
Les traces les plus anciennes de l’art chinois à Montréal remontent au début du XXe siècle. À l’époque, le développement de la scène artistique au sein de la communauté chinoise montréalaise est largement freiné par les conditions sociales qui contraignent les Chinois à travailler sans répit dans des emplois laborieux et peu payés, leur laissant très peu de temps libre pour se consacrer à l’art. Malgré cela, la demande existe à cette époque pour des activités culturelles destinées à la communauté chinoise. Dès 1910, des troupes d’opéra cantonais donnent des spectacles qui attirent des foules de quelques centaines de personnes dans les espaces inutilisés du Quartier chinois, tels que les garages. Ces troupes informelles sont souvent formées de musiciens en tournée qui viennent d’autres villes canadiennes ou directement de Chine.

Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le nouveau gouvernement communiste instaure la répression de multiples formes d'art, et plusieurs artistes chinois quittent le pays pour le Canada. C’est avec eux que la scène d’opéra cantonais de Montréal atteint son apogée dans les années 1960. À cette époque, plusieurs lois discriminatoires envers la communauté chinoise ont été fraîchement abrogées et la discrimination est en baisse. Aussi, grâce à des décennies de labeur, les Chinois vivent dans une plus grande aisance financière. Ceux qui n’ont désormais plus besoin de travailler tous les jours pour survivre consacrent leurs fins de semaine aux associations musicales et aux clubs artistiques, où ils peuvent suivre des cours donnés par des musiciens fraîchement arrivés. Employés de restaurants ou de petits commerces le jour et artistes le soir, ils forment une communauté artistique soudée qui existe encore aujourd’hui. Depuis plusieurs décennies, ces gens se rassemblent pour apprendre la musique et donner des spectacles dans le Quartier chinois.

Un festival pour célébrer l’art asiatique

art chinois

Photo d’une oeuvre artistique montrant une table, un napperon et un menu intitulé « Menu d’exotisme ».
Photo de Hubert Gaudreau, collection privée.

À la suite de discussions entamées en 1993, le Festival Accès Asie (FAA) est fondé en 1995 par les artistes Janet Lumb, Bernard Nguyen, Hunt Hoe, Himmat Shinhat, Atif Siddiqi, Salman Hussain et Bernard Truong. Le FAA a comme but de combler le manque de visibilité des artistes asiatiques québécois dans des disciplines telles que la musique, l’art visuel, la danse et le théâtre. En 1995, année référendaire, avec les tensions linguistiques et culturelles entre le Québec et le Canada comme toile de fond, les artistes racisés ont encore du mal à percer, et se voient parfois contraints de choisir entre une voie artistique asiatique et l’assimilation par une société dominante majoritairement blanche et francophone. Ce contexte social et politique influence profondément le développement et l’évolution du FAA.

Selon Janet Lumb, pour consolider l’identité francophone, Montréal donne alors priorité aux artistes francophones blancs, et puisque le festival se déroule principalement en anglais à ses débuts, le FAA se voit refuser le financement provincial pendant plusieurs années. La fondatrice mentionne qu’à force de se faire ignorer par des organisations provinciales, le festival doit alors embaucher des francophones blancs ne venant pas de la communauté pour faire le pont avec ces entités. Et, en parallèle, le festival se tourne vers des sources de financement fédérales.

Au fil des années, le festival devenu bilingue parvient à passer au-dessus de ces obstacles et à se forger sa place dans le monde culturel montréalais. Au cours de ses 26 ans d’existence, il donne une plate-forme aux artistes asiatiques non seulement du Québec, mais aussi des quatre coins du Canada, leur offrant un endroit où ceux-ci sont libres de s’exprimer tout en étant valorisés dans leur identité asiatique – un accomplissement encore souvent difficile dans une société majoritairement blanche. Ceux et celles qui s’y produisent ont pu briser les silos dans lesquels ils se retrouvaient et former une communauté artistique panasiatique. Pour beaucoup de ces artistes, cette communauté composée d’Asiatiques d’origines différentes est une source de solidarité et de grande fierté qui leur permet de célébrer ensemble leur héritage culturel collectif. Ce festival assure également la promotion l’art asiatique au Québec.

Visions artistiques contemporaines

Œuvre de Mary Wong

Œuvre artistique sur une place publique.
Mary Wong, collection privée.
Durant les années 1990, une scène d’art contemporain asiatique naît à Montréal. Mary Sui Yee Wong, fraîchement diplômée d’un programme de sculpture à Concordia, en fait partie. Influencée par les activistes impliqués dans des combats liés à l’identité, Mary décide d’utiliser sa propre identité chinoise pour créer des œuvres expressionnistes abstraites. Après avoir été contrainte de s’assimiler à la culture canadienne pendant sa jeunesse, l’artiste veut utiliser son art pour retrouver ses racines chinoises. Ses œuvres défient les conventions occidentales de la sculpture et font référence à plusieurs éléments culturels asiatiques, tels que la pratique de la teinte du riz ou des caractères chinois non traduits.

Aujourd’hui, même si les thèmes et les techniques utilisés par les artistes chinois montréalais sont extrêmement variés, des tendances reviennent. Leur production artistique traite souvent de l’exploration d’une identité complexe, de l’appartenance, du racisme, de la famille, de la communauté et de l’hybridité de leurs cultures. Une des œuvres de Cheryl Sim, directrice et conservatrice de la fondation Phi, traite de ce que le cheongsam, une robe traditionnelle chinoise, représente pour plusieurs femmes chinoises de différents horizons. Lors de ses expositions, Cheryl Sim est fière de voir comment ses œuvres permettent à un public asiatique de se sentir représenté tout en permettant aux autres visiteurs d’en apprendre plus sur les réalités asiatiques au Canada.

Cependant, il peut aussi être difficile pour plusieurs artistes chinois de diffuser leur travail. Puisque les enjeux de culture, d’appartenance et d’inégalités sociales sont toujours d’actualité, ils doivent trouver un juste équilibre dans leurs œuvres. C’est tout un défi pour eux d’exprimer fièrement leur ascendance sans sacrifier à l’exotisme, de bénéficier d’une plate-forme pour leur art qui n’ait pas été réfléchie en fonction d’un public blanc, de pouvoir exprimer des idées qui défient les points de vue dominants tout en réussissant à vivre de leur art et à briser les plafonds de bambou d’une société qui n’est pas toujours sympathique aux perspectives marginalisées.

Ces préoccupations sont au cœur de l’œuvre récente de l’artiste sino-montréalaise Karen Tam qui travaille actuellement en tant que commissaire d’un grand projet sur les représentations artistiques de plusieurs Quartiers chinois canadiens au fil du temps. Ces représentations n’ont souvent pas été créées par des personnes d’origine chinoise. L’objectif de Karen Tam est de se les réapproprier et de construire une histoire de l’art des Quartiers chinois. Avec ces représentations, elle veut aussi construire une histoire visuelle des Quartiers chinois qui montre l’évolution de ces secteurs durant leur histoire, au fil des vagues d’embourgeoisement et des lois discriminatoires.

Aujourd’hui, les artistes chinois montréalais ont davantage d’espaces artistiques où s’épanouir. Cheryl Sim utilise sa position d’autorité à la fondation Phi pour mettre leur travail en valeur. Elle espère que la génération actuelle sera une source d’inspiration pour la relève artistique sino-montréalaise.

蒙特利尔的中华艺术

成立于1995年,Accès Asie 艺术节是由艺术家林瑞贞和 Bernard Truong 创立,由于魁北克亚裔艺术家往往缺乏曝光率,又被边缘化,表演机会有限,要建立知名度尤其艰巨,该艺术节旨在为亚裔艺术家增加曝光的机会。今年庆祝成立26周年,此双语艺术节成功地为来自各个范畴的艺术家提供了平台,参与的艺术家不仅来自蒙特利尔,有些更是来自全亚洲的二十多个国家。
如今,蒙特利尔华人艺术家有更多的空间来实践抱负。主题和技术极为多样,时亦探索复杂的身份认同,时亦探索归属感问题,主题环绕着家庭、社区和文化等。某些艺术家如余承佳正重新采用东方主题的概念,希望能在魁北克社会中为自己开拓一席之位。

La traduction en chinois simplifié a été faite par Serena Xiong (熊吟) et révisé par Philippe Liu (刘秦宁).

滿地可的中式藝術

成立於1995年,Accès Asie 藝術節是由藝術家林瑞貞和 Bernard Truong 創立,由於魁北克亞裔藝術家往往缺乏曝光率,又被邊緣化,表演機會有限,要建立知名度尤其艱鉅,該藝術節旨在為亞裔藝術家增加曝光的機會。今年慶祝成立26週年,此雙語藝術節成功地為來自各個範疇的藝術家提供了平台,參與的藝術家不僅來自滿地可,有些更是來自全亞洲的二十多個國家。

如今,滿地可華人藝術家有更多的空間來實踐抱負。主題和技術極為多樣,時亦探索複雜的身份認同,時亦探索歸屬感問題,主題環繞著家庭、社區和文化等。某些藝術家如余承佳正重新採用東方主義的概念,希望能在魁北克社會中為自己開拓一席位。

Traductrice : Wai Yin Kwok.