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La communauté italienne de Ville-Émard

06 septembre 2017

Le Hall Mazzini, le commerce de la famille Di Lallo ou encore l’église Saint-Jean-Bosco révèlent l’importance de la communauté italienne installée dans Ville-Émard dès le début de son développement.

1911 : environ 150 Italiens habitent Ville-Émard

Ville-Émard - Église S. Giovanni Bosco

Façade de l’église Saint-Jean-Bosco sur la rue Springland
Photo de Denis-Carl Robidoux. Centre d'histoire de Montréal.
Le Lovell’s Historical Report of Census of Montreal indique que 197 personnes de nationalité italienne vivent à Montréal en 1891. En 1911, ils sont près de 7000 à habiter sur l’île. Ceux-ci résident d’abord dans le centre de la ville, mais on observe dès le début du siècle un mouvement vers la périphérie : plusieurs choisissent le secteur du canal de Lachine pour travailler dans les manufactures environnantes. Des immigrants italiens s’installent par exemple à Ville-Émard pour travailler à la Canadian Tube & Steel Company, ouverte vers 1910 au coin des rues Saint-Patrick et Hamilton. D’autres choisissent plutôt la Canadian Car & Foundry, de l’autre côté du canal, ou encore la Montreal Light, Heat & Power. Dans le recensement de 1911,158 personnes de nationalité italienne sont répertoriées à Ville-Émard.

Une communauté de plus en plus visible

Famille DiLallo - intérieur

La famille DiLallo dans son restaurant avec des clients.
Collection personnelle de la famille DiLallo
Dans les décennies qui suivent, de plus en plus de familles italiennes choisissent le quartier Ville-Émard. Dans son mémoire de maîtrise de l’université McGill datant de 1934, Harold A. Gibbard indique que les Italiens vivent principalement dans les rues Hurteau (anciennement Orchard) et sur le boulevard Monk, alors que des Polonais s’installent en grand nombre dans la rue Allard. Selon l’auteur, le « centre-ville italien » du quartier prend forme dès les années 1920, à deux ou trois pâtés de maisons à l’ouest du boulevard Monk. Aux côtés d’entreprises polonaises, quelques commerces et clubs italiens ouvrent dans ce secteur, notamment une épicerie tout près de la Canadian Tube & Steel Company.

Dans les années 1920 et 1930, d’importantes institutions italiennes apparaissent dans le quartier, lui conférant même une réputation internationale. Alors que le dictateur fasciste Benito Mussolini arrive au pouvoir en Italie, les antifascistes italiens de Montréal inaugurent la Sala Mazzini, un centre de discussions politiques et de rencontres établi en 1927 dans la rue Jolicœur. Le leader du mouvement antifasciste, Antonio Spada, visite régulièrement l’établissement et est connu des autorités italiennes pour ses activités. Avec de nombreuses familles italiennes de Ville-Émard, il participe entre autres à des « pique-niques antifascistes » dans les rues du quartier. En 1934, le consulat italien à Montréal envoie même un rapport au ministre italien de l’intérieur à Rome sur le secteur, considéré comme un « bastion des factions subversives » de la communauté italienne de Montréal (« a stronghold of the subversive parties of Montreal »).

Restaurant dilallo

Façade du restaurant dilallo
Photo de Denis-Carl Robidoux. Centre d'histoire de Montréal.

Outre par le foisonnement politique qui anime le quartier dans les années 1920 et 1930, la communauté italienne de Ville-Émard se démarque par son sens des affaires. En 1929, Luigi Di Lallo et sa femme Giuseppina Plescia ouvrent un petit marché au coin des rues Allard et Monk. Le commerce est rapidement transformé en restaurant, rendu célèbre grâce à son Buck Burger.

En 1949, la première paroisse italienne de Ville-Émard, Saint-Jean-Bosco, se dote d’une église dans la rue Springland. Auparavant, les Italiens catholiques visitaient plutôt l’église Saint-Jean-Damascène, située dans la rue Jogues.

Depuis 1950

Après la Seconde Guerre mondiale, Montréal reçoit une nouvelle vague d’immigration italienne. La communauté italienne se disperse dans de nouveaux quartiers, mais conserve une place importante dans Ville-Émard. Épiceries, commerces et maisons à l’architecture spécifique témoignent toujours de la présence de ce groupe dans le secteur.

Contribution à la recherche : Société d’histoire Saint-Paul-Émard.