Passionné par le cinéma et innovateur hors pair, Ernest Ouimet a grandement développé cette industrie. Sans cet étonnant pionnier, Montréal ne serait pas une des métropoles du grand écran.
Ernest Ouimet - travail de bureau
Montréal ne serait pas la métropole du cinéma qu’elle est aujourd’hui sans le parcours étonnant d’un des pionniers de la cinématographie montréalaise : Ernest Ouimet. Dès le début du XXe siècle, celui que l’on surnommait dans le faubourg Québec « le p’tit Ouimet » fait découvrir aux Montréalais les « vues animées ». C’est l’époque héroïque du cinéma alors que les séances se déroulent dans des salles de fortune et que d’habiles bricoleurs, capables de rafistoler quelques pièces d’appareils de projection, s’imposent à la tête d’une exploitation nouvellement apparue. Ouimet est un de ceux-là.
Né à Sainte-Rose en 1877, fils de fermier, Ouimet arrive à Montréal à 17 ans. Après avoir touché à plusieurs métiers, il est en 1900 éclairagiste au Monument-National. C’est vers 1902 qu’il se familiarise avec la technique cinématographique, en tant qu’assistant des projectionnistes de la firme Edison au parc Sohmer. En 1903, le Monument-National charge Ouimet de projeter quelques petits films lors des changements de décors. Le premier artisan montréalais du cinéma est né...
Le Ouimetoscope
Ernest Ouimet - Ouimetoscope
Outre l’exploitation de salles, Ernest Ouimet a innové dans le domaine de la vente d’équipement cinématographique, de la distribution de films, de la production et la réalisation de bandes d’actualités, les premières au Canada. Il a filmé entre autres la chute du pont de Québec (1907), l’incendie de Trois-Rivières (1908) et les funérailles de sir Wilfrid Laurier (1919). Homme polyvalent, Ouimet était aussi un esprit fort. En 1907, à cause d’une loi municipale répondant aux mandements de l’archevêque de Montréal, Mgr Paul Bruchési, les propriétaires de salles de cinéma sont contraints de fermer leurs portes le dimanche. On leur interdit en effet de vendre des billets pour des représentations cinématographiques le jour du Seigneur. Qu’à cela ne tienne! Ernest Ouimet contourne cette loi en vendant à l’entrée de son Ouimetoscope un bonbon à 10 cents avec, en prime, une séance gratuite de cinéma. Toujours audacieux, l’homme de cinéma tente vainement sa chance à Hollywood, après la vente de sa salle en 1922. De retour à Montréal, ruiné, il se voit confier la gérance du cinéma Impérial.
Ernest Ouimet - Salle du Ouimetoscope
Pendant toute sa carrière, Ouimet dut contrer les effets de la concurrence américaine et les affres de Mgr Bruchési. Décédé dans l’oubli en 1972, Ernest Ouimet fut, par son audace, son intrépidité et son esprit innovateur, le pionnier de l’industrie montréalaise du cinéma.
Cet article est paru dans le numéro 20 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.
SAUVÉ, Mathieu-Robert. Léo-Ernest Ouimet, l’homme aux grandes vues, Montréal, XYZ éditeur, 1996, 216 p.