En 1908, l’ingénieur allemand Émile Berliner fait construire une usine à Saint-Henri pour y produire sa toute nouvelle invention : le gramophone.
Lieu : Au coin des rues Saint-Antoine et Lenoir.
1908 : Construction des premiers bâtiments de l’usine d’Émile Berliner.
Émile Berliner
Émile Berliner (1851-1929) a révolutionné le monde de la musique et de l’enregistrement sonore. Né en Allemagne, il immigre aux États-Unis en 1870. Dès lors, il s’intéresse aux nouvelles technologies de son temps, notamment au téléphone d’Alexander Graham Bell, présenté à l’Exposition universelle de Philadelphie en 1876. Après des années de recherche et d’expérimentation, il fait breveter son invention, le gramophone, en 1887. En 1893, Berliner fonde la United States Gramophone Company, spécialisée dans la production de gramophones et de disques. La commercialisation du produit est amorcée.
Émile Berliner à Montréal
En 1900, Berliner, aux prises avec de nombreux problèmes juridiques concernant les droits de production de son invention aux États-Unis, décide de déménager la compagnie à Montréal. Il y installe d’abord quatre presses à disques au 367-368, rue de l’Aqueduc (maintenant Lucien-L’Allier), puis un magasin de vente au 2315, rue Sainte-Catherine. Rapidement, le gramophone est vendu dans d’autres villes québécoises. Un premier studio d’enregistrement est installé en 1904 dans la rue Peel, puis il est déménagé au 201, ruelle des Fortifications. En 1908, l’ingénieur fait construire une manufacture à Saint-Henri, dans la rue Lenoir tout près de la rue Saint-Antoine. C’est là qu’on fabriquera désormais les produits de l’entreprise, acheminés rapidement partout à travers le pays.
RCA Victor
La popularité grandissante du gramophone se manifeste dès 1900. Les produits de la Berliner Gramophone Co. sont par exemple annoncés dans de nombreux journaux. Selon une publicité du journal Le Canadien Français de Saint-Jean-sur-Richelieu paru en mai 1900, le gramophone Berliner « jette dans l’ombre toutes les inventions précédentes » et devrait « se trouver dans toutes les demeures ». En janvier 1909, une publicité du journal L’avenir du Nord le décrit comme « le plus merveilleux de tous les instruments ». Les modèles les moins chers sont offerts à un prix de 12,50 $, soit environ 300 $ en 2017. Après 1912, environ deux millions de disques sont produits par la Berliner Gramophone annuellement. La compagnie prend de l’expansion après la Première Guerre mondiale et les produits sont désormais vendus dans d’autres villes canadiennes, dans des magasins comme Eaton ou Simpsons.
La RCA Victor
RCA Victor 2017
En 1978, la RCA quitte le bâtiment. Le studio d’enregistrement, précédemment fermé en 1958, rouvre toutefois ses portes sous le nom de Studio Victor entre 1985 et 2015. Plusieurs artistes québécois y ont enregistré leurs chansons, notamment Ariane Moffatt, Daniel Bélanger et Luc De Larochellière. En 1996, c’est finalement le Musée des ondes Émile Berliner qui déménage dans l’édifice de la RCA Victor.
Contribution à la recherche : Société historique de Saint-Henri.
« Le gramophone Victor », L’Avenir du Nord, 8 janvier 1909, p. 2.
BÉLISLE, Jean, et Nicole CLOUTIER. « Ces machines qui chantent… », Échos de la musique, no 91, hiver 2001-2002, p. 26-29.
CLOUTIER, Nicole. « Montréal, capitale du gramophone : l’aventure d’Émile Berliner », Cap-aux-diamants, no 48, hiver 1997, p. 22-24.
MURRAY, Robert P. The Early Development of Radio in Canada, 1901-1930: An Illustrated History of Canada’s Radio Pioneers, Broadcast Receiver Manufacturers and their Products, Chandler, Sonoran Publishing, 2005, 161 p.
THÉRIEN, Robert. L’histoire de l’enregistrement sonore au Québec et dans le monde, 1878-1950, Québec, Les presses de l’Université Laval, 2003, 239 p.
VILLE DE MONTRÉAL. « Énoncé d’intérêt patrimonial : Édifice RCA, 1001 rue Lenoir, arrondissement du Sud-Ouest », [En ligne], Division de l’expertise en patrimoine et de la toponymie, 2012. [http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/PATRIMOINE_URBAIN_FR/ME....