Le complexe d’appartements Rockhill, qui inclut une galerie marchande, est situé sur le versant est du sommet Summit. L’ensemble donnant sur le chemin de la Côte-des-Neiges compte 1004 logements répartis dans six immeubles. Il fait face au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, et l’Oratoire Saint-Joseph de Montréal domine son arrière-scène.
Implantation sur la montagne
L’ensemble remplace un complexe immobilier de faible envergure, appelé aussi Rockhill Apartments, construit au cours des années 1920. Celui-ci comptait une centaine de logements répartis dans sept immeubles de trois à sept étages qui montaient en palier dans le paysage.
Terminé pour l’Expo 67, le complexe d’appartements Rockhill se voulait, aux yeux de ses promoteurs, une réponse à la banlieue où l’on retrouve tous les services et les innovations imaginables qui participent au confort et à la qualité de vie. Les architectes ont voulu traduire cette idée principale en regroupant en sous-sol différents services – stationnements, commerces et centre récréatif – pour créer un vaste espace collectif et, surtout, exempt de véhicules. Le Rockhill évoque donc les grands projets d’urbanisme sur dalle européens, un urbanisme non plus à deux, mais à trois dimensions, selon lequel on planifie différentes fonctions sur plusieurs niveaux.
Composition architecturale cohérente
Le Rockhill est composé de cinq immeubles-barres (immeuble très long) et d’un immeuble-tour. Quatre de ces immeubles-barres sont alignés parallèlement et le cinquième est implanté perpendiculairement. Ce dernier circonscrit la partie arrière de la place centrale. Quant à l’immeuble-tour, situé en bordure du chemin de la Côte-des-Neiges, il joue le rôle de tête de pont à l’ensemble tout en définissant la partie avant de la place.
La structure de tout le complexe est en béton armé et sous le principe du plancher-dalle. La base des immeubles est traitée de trois façons différentes. Les cinq immeubles-barres avec leurs portiques définis par des piliers dont une face est oblique et qui supportent un plan incliné (console) représentent la première. Les piliers rectangulaires et revêtus de panneaux préfabriqués de béton de l’immeuble-tour illustrent pour leur part la deuxième. Enfin, le rez-de-chaussée qui est pratiquement de double hauteur et l’étage au-dessus doté de balcons continus, à l’exception des immeubles A et B qui comptent un étage intermédiaire sans balcon, constituent la troisième façon.
Les étages courants sont essentiellement constitués de larges baies vitrées installées au-dessus d’un bandeau de brique. Ce système constructif d’enveloppe architecturale s’insère entre les colonnes du périmètre. Les bordures des dalles de planchers apparentes ainsi que les balcons en saillie cadencent verticalement les façades. Les balcons continus aux intersections des façades de l’immeuble-tour augmentent sa largeur et sa présence urbaine.
Trois types de couronnement sont utilisés, soit des brise-soleil en béton déployés sur les deux derniers étages pour les immeubles de la première phase (A et B), un traitement de balcons continus de l’avant-dernier étage pour les autres immeubles-barres et un toit en projection pour l’immeuble-tour.
L’ensemble projette une image de cohérence malgré les variantes de composition architecturale, principalement en raison de l’uniformité du chromatisme et de la stratégie d’implantation qui exploite les effets perspectifs à partir du chemin de la Côte-des-Neiges.
Enfin, la cour centrale présente une configuration orthogonale dans laquelle se trouvent deux plateaux, l’un végétal et l’autre aqueux. La place constitue le point focal du complexe et pour bon nombre de logements, le point de vue, justifiant en cela l’effet graphique recherché. La terrasse, située au nord des immeubles A et B, établit par sa localisation et son caractère artificiel un lien intéressant entre une nature monumentale, la montagne, et un paysage pastoral, la plaine du cimetière.