Atelier d’habitation de Montréal – Ma Chambre inc. – phase 2 – maison Gilbert-Lafontaine

Au pied du flanc est du mont Royal, les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph reçoivent en 1730, de la famille Basset, une bande de terre qui s’étire approximativement de la Côte-à-Baron, rue Sherbrooke, jusqu’aux terres de la côte Saint-Laurent. Après des acquisitions successives pour élargir une partie de leur propriété, elles emménagent dans le nouvel Hôtel-Dieu en 1861. Sa planification amène les religieuses à modifier la grille de rues déjà tracée au sud pour que l’hôpital soit implanté face à la ville sur un point haut qu’elles nomment le mont Sainte-Famille et qu’il offre une perspective sur la chapelle, soit la rue Sainte-Famille. Un tel aménagement explique l’irrégularité de la largeur des îlots du secteur. Le développement de ce dernier s’en trouve marqué : après les résidences qui s’étalent le long de Sherbrooke avant la construction de l’Hôtel-Dieu et le bâti densément implanté le long de la rue Saint-Urbain à proximité de l’établissement hospitalier, le quartier se forme du sud vers le nord essentiellement au cours des trois dernières décennies du 19e siècle. L’immeuble au 3749, rue Jeanne-Mance, est parmi les derniers à être construit dans le secteur.

Érigé en 1893 pour le compte de Cyrille Laurin, administrateur des biens des Sœurs Hospitalières de l’Hôtel-Dieu, l’immeuble est acheté par la Commission scolaire catholique de Montréal au début des années 1930 et est déménagé à quelques mètres au sud pour laisser place à l’école Thomas D’Arcy McGee face à l’Hôtel-Dieu. Il est alors utilisé comme résidence pour les professeurs de l’école. Entre 1980 et 1983, la maison est occupée par le Centre d’orientation pour immigrants latino-américains. À la fin des années 1980, le groupe de ressources techniques en immobilier communautaire Ma Chambre inc. acquiert l’immeuble et en recycle une partie en logements pour la maison Gilbert-Lafontaine.

La travée centrale de la résidence avec son portail d’entrée couronné d’un arc est enserrée par deux ressauts qui dominent la composition de la façade principale. Bien qu’unifiées par la corniche qui se prolonge jusqu’au début des façades en brique, les travées latérales possèdent leur propre individualité. Celle à gauche de l’entrée s’exprime par son oriel polygonal au rez-de-chaussée et par son couronnement cintré, qui est le résultat de l’élimination du pignon original.