Les deux immeubles sont conçus en 1906 selon les plans de l’architecte Joseph-Arthur Godin pour l’entrepreneur Charles Dagenais. En 1907, ils sont notamment occupés par le Baron Nicolas de Struve, consul général de Russie, et par Raoul Rinfret, ingénieur civil et auteur.
Le quadrilatère délimité par le parc du Mont-Royal (aujourd’hui le parc Jeanne-Mance), l’avenue Duluth, l’avenue du Mont-Royal et la rue Saint-Urbain, qui fait partie du « Mile End Farm » de la famille Bagg, est loti dès 1862. La situation urbaine particulière des lots qui ont front sur la rue Saint-Urbain est saisie par leurs propriétaires en 1890, qui signent majoritairement une pétition pour demander l’ouverture de l’avenue de l’Esplanade. Ils proposent de céder gratuitement une largeur de 20 pi (6,1m) de leur arrière-lot à la Ville à la condition qu’elle cède à son tour une largeur équivalant à 40 ou 50 pi (12,2 ou 15,2 m) du territoire réservé au parc afin d’aménager une avenue de prestige qui l’embellira. La plupart des lots transversaux d’origine sont alors subdivisés et des critères d’approbation sont appliqués pour la construction des bâtiments de l’avenue de l’Esplanade. Cette opération immobilière profite de la perspective dégagée sur le mont Royal offerte par la position des lots pour produire un front bâti de qualité.
Ces deux triplex, qui totalisent aujourd’hui six logements comme à l’origine, sont destinés à la classe moyenne. Ils sont implantés avec une marge de recul qui permet l’aménagement des escaliers droits pour accéder aux étages supérieurs. Les entrées regroupées forment une composition symétrique qui renforce l’unité des deux triplex en calcaire d’Indiana et leur présence sur le parc. Contrairement aux bâtiments voisins qui présentent un couronnement au traitement élaboré, l’ornementation architecturale réside plutôt dans l’encadrement des ouvertures cintrées, les chaînes d’angle et les cordons.