Entrepreneurs, constructeurs et maçons, Thomas Barbeau et François Fournier voient à l’érection du duplex sis au 4081-4085 avenue de l’Esplanade en 1894.
Le quadrilatère délimité par le parc du Mont-Royal (aujourd’hui le parc Jeanne-Mance), l’avenue Duluth, l’avenue du Mont-Royal et la rue Saint-Urbain, qui fait partie du « Mile End Farm » de la famille Bagg, est loti dès 1862. La situation urbaine particulière des lots qui ont front sur la rue Saint-Urbain est saisie par leurs propriétaires en 1890, qui signent majoritairement une pétition pour demander l’ouverture de l’avenue de l’Esplanade. Ils proposent de céder gratuitement une largeur de 20 pi (6,1m) de leur arrière-lot à la Ville à la condition qu’elle cède à son tour une largeur équivalant à 40 ou 50 pi (12,2 ou 15,2 m) du territoire réservé au parc afin d’aménager une avenue de prestige qui l’embellira. La plupart des lots transversaux d’origine sont alors subdivisés et des critères d’approbation sont appliqués pour la construction des bâtiments de l’avenue de l’Esplanade. Cette opération immobilière profite de la perspective dégagée sur le mont Royal offerte par la position des lots pour produire un front bâti de qualité.
Le duplex dont il est question est destiné à la classe moyenne de l’époque. Malgré son intégration au cadre bâti de l’avenue de l’Esplanade par son alignement avec les bâtiments voisins, des stratégies volumétriques et matérielles sont mises en œuvre pour lui assurer un caractère distinct. L’utilisation de la pierre de grès rouge à bossage rustique en façade principale et les archivoltes ou les colonnettes encadrant ses ouvertures contribuent à la particularité architecturale de cet immeuble. La composition asymétrique de la façade principale créée par l’avant-corps désaxé participe également à la singularité de ce duplex. Enfin, le pignon et le couronnement de l’avant-corps plus élevé dans l’ensemble que ses voisins renforcent l’effet de verticalité du bâtiment.
La composition architecturale de la façade principale de cet immeuble l’apparente davantage à une maison unifamiliale. Il a toutefois été conçu dès l’origine comme duplex selon l’évaluation foncière de 1895 et il compte toujours seulement deux unités résidentielles, et ce, malgré les modifications apportées à l’occasion de subdivisions ou de conversions que nous indiquent les permis émis au fil du temps.