En 1911, Louis-Aquila et Ferrier Carrière font l’acquisition de deux lots résidentiels situés sur l’avenue du Mont-Royal Ouest appartenant à Jean Martineau. Ils font appel à l’architecte Zotique Trudel pour la construction de l’immeuble et agissent, pour leur part, en tant qu’entrepreneurs. En 1916, ils vendent la propriété à l’entrepreneur Henri Hogue, mais continuent d’occuper les deux appartements du rez-de-chaussée jusqu’en 1917. Après avoir appartenu à la Fidelity Limited durant les années 1930-1940, l’immeuble change de propriétaire à maintes reprises.
Le site sur lequel les anciens appartements Carrière sont érigés faisait partie de l’immense domaine appartenant aux Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph. Vers 1861, elles le cèdent à des fins de développement résidentiel. Situé près du parc Jeanne-Mance, le 115-119, avenue du Mont-Royal Ouest (73-77, avenue du Mont-Royal Ouest, au moment de sa construction) reflète l’émergence des nouveaux quartiers résidentiels ouvriers à proximité de la montagne au tournant du 20e siècle, suscitée notamment par la croissance démographique due à l’industrialisation de Montréal.
L’immeuble est représentatif des habitations urbaines destinées à la petite bourgeoisie. Sa typologie est intermédiaire entre le triplex, dont sa volumétrie de trois étages et ses balcons, et l’immeuble à appartements, notamment par son implantation en forme de « U », la composition de sa façade symétrique recouverte de brique rouge et ses éléments décoratifs en pierre. Une pergola était aménagée sur le toit, permettant à ses locataires de jouir d’une vue magnifique. À l’origine, il comptait six logements accessibles par une entrée commune et deux autres, situés au niveau du soubassement, accessibles par des cours anglaises. Aujourd’hui, il en compte douze, en plus de deux commerces, au niveau du soubassement, auxquels on accède à partir de la rue.