La vespasienne du parc Jeanne-Mance est érigée en 1931 selon les plans de Donat Beaupré, architecte de la Ville de Montréal. Elle s’inscrit dans le cadre des travaux d’aide aux chômeurs mis en place par la Ville de Montréal pendant la Grande Dépression suivant l’effondrement boursier de 1929. Une vingtaine de vespasiennes auraient été construites cette même année afin d’améliorer les installations publiques de la ville et les services aux citoyens. Elles répondent également à des besoins en salubrité publique, à une époque où la fréquentation des parcs pour profiter de l’air pur est importante. Les vespasiennes montréalaises étaient aussi appelées « camillienne » du nom du maire Camillien Houde qui a mis en place ce réseau de toilettes publiques dans la ville.
Le parc Jeanne-Mance se situe à la limite est du parc du Mont-Royal duquel il est séparé par l’avenue du Parc. Cette partie de la montagne, acquise par la Ville en 1873 dans la foulée de la création du parc, est reconnue pour son caractère public et récréatif bien avant l’inauguration du parc du Mont-Royal en 1876. En effet, le piémont du mont Royal, comprenant le Fletcher’s Hill et la côte Placide, a notamment accueilli un terrain de golf et un champ d’exercices militaires. La vocation récréative et sportive demeure l’élément dominant du parc et la vespasienne constitue un bâtiment utilitaire destiné à ses usagers.
Le site présente un dénivelé graduel ainsi qu’une topographie accidentée circonscrivant des espaces distincts qui scindent le parc en différentes zones aux usages variés. Ces zones sont reliées entre elles par des sentiers aménagés qui mènent, entre autres destinations, à cette vespasienne implantée sur une zone plus plane à l’intersection des avenues du Parc et Duluth. Une piste cyclable longe également le bâtiment qui bénéficie d’un emplacement stratégique au cœur de la zone est du parc du Mont-Royal ainsi que d’une bonne visibilité.
Cette vespasienne est représentative du « type G » conçu par Donat Beaupré. Le parc Bellerive, notamment, possède un exemplaire identique. Son architecture néoclassique témoigne du courant historiciste qui perdure dans les premières décennies 20e siècle et qui est abondamment employé par la Ville de Montréal dans la conception des équipements municipaux. Le plan rectangulaire coiffé d’un toit à deux versants présente une composition symétrique et équilibrée, laquelle est dominée par un fronton soutenu par quatre colonnes en façade. Les chevrons apparents et les faux colombages évoquent des caractéristiques du mouvement Arts and Crafts également populaire à cette époque. Le bâtiment utilitaire présente une grande sobriété et constitue un apport positif au parc du Mont-Royal. À noter que les toilettes publiques de la vespasienne du parc Jeanne-Mance ne sont plus en fonction aujourd’hui.