Le poste d’incendie no 28 est construit en 1909-1910. Il fait partie des 22 casernes de pompiers érigées par la Ville de Montréal durant la période 1900-1920 afin de répondre à la forte augmentation de la construction immobilière et à la densification des quartiers dues à l’essor important du développement économique de la métropole. On dote alors chacun des quartiers d’un poste d’incendie en raison du champ d’action limité des pompiers qui se déplacent en voitures hippomobiles. Alors que certaines casernes comptent plusieurs voitures et équipes de sapeurs-pompiers, le poste no 28 de l’avenue Cedar ne compte qu’une équipe réduite, d’où l’étroitesse du bâtiment qui ne dispose que d’une grande porte de garage. Dans le quartier du Mille carré où se situe la caserne, les risques de propagation du feu sont relativement limités vu le caractère isolé des bâtiments souvent construits avec des matériaux incombustibles, comparativement aux quartiers ouvriers plus denses qui comptent majoritairement des bâtisses en bois.
Le poste d’incendie no 28 possède une architecture d’inspiration Beaux-Arts. La façade étroite est revêtue de pierre de taille et de brique. Une grande porte de garage cintrée côtoie une entrée piétonne au rez-de-chaussée tandis qu’à l’étage, une vaste ouverture rectangulaire comporte trois baies surmontées d’impostes. Le bâtiment à toit plat possède un couronnement élaboré comprenant un parapet semi-circulaire sur lequel est apposé un médaillon en cuivre qui représente les armoiries de la Ville de Montréal et sa devise Concordia Salus (Le salut par la concorde). Le couronnement est également orné de jeux de briques en saillie ainsi que d’une clé de voûte, d’une urne et d’une corniche moulurée en cuivre. La composition des deux façades latérales est en continuité avec celle de la façade principale.
Le poste d’incendie no 28 ferme en 1979 en raison d’une restructuration des services de prévention des incendies. Après quelques années d’abandon, l’immeuble est vendu en 1983 et transformé en deux condominiums. Vers 2005, l’un des deux copropriétaires réunit les deux logements et transforme le bâtiment en une maison unifamiliale. L’intérieur du bâtiment connaît des transformations majeures tout en conservant certains éléments rappelant la vocation d’origine, dont le poteau qui permettait aux pompiers de glisser rapidement de l’étage au garage. À l’extérieur toutefois, l’architecture d’origine a été préservée avec soin. Le bâtiment est implanté en bordure de la voie publique. Le parc Thérèse-Casgrain, qui lui est adjacent, possède un caractère sauvage qui concourt à renforcer la présence de la montagne dans la ville et constitue un point d’accès au parc du Mont-Royal par ses sentiers aménagés.