Depuis la mise en place du système d’aqueduc actuel en 1854, le réseau de distribution de l’eau potable de la Ville de Montréal s’est constamment amélioré au fil des ans. Le réservoir McTavish, le premier à être construit sur la montagne entre 1854 et 1856, emmagasine le surplus d’eau pompée pendant les heures de faible consommation, pour ensuite libérer l’excédent accumulé aux heures de forte demande. D’autres réservoirs ont ensuite été ajoutés sur la montagne pour profiter de la force de gravité pour la redistribution de l’eau dans le réseau d’aqueduc : le réservoir Peel dans les années 1870, remplacé par le réservoir des Cèdres en 1920, le réservoir Côte-des-Neiges en 1893-1894 et le réservoir Vincent-d’Indy en 1907.
Après la municipalisation de l’ensemble du réseau d’aqueduc en 1927, la Ville de Montréal modernise et accroît davantage la capacité de son système de distribution de l’eau potable. Sous la responsabilité de l’ingénieur en chef de la Ville de Montréal, Charles-Jules Des Baillets, ces travaux amènent la construction de plusieurs stations de pompage sur le mont Royal et du réservoir de la Montagne situé à 228 mètres d’altitude. Le réservoir du Sommet est quant à lui construit en 1956 à 200 mètres d’altitude sur un sommet secondaire de la montagne appelé « colline de l’Abri », dans un secteur boisé près de la maison Smith. D’une capacité de 14 000 mètres cubes, qui est l’équivalent de quatre piscines olympiques, ce réservoir dessert 7 000 usagers.
L’abri du réservoir du Sommet est une structure ouverte sur trois côtés construite en 1956. En plus de servir d’accès au réservoir qui se trouve en-dessous, le bâtiment était utilisé à l’origine comme abri par les usagers du parc qui pouvaient, par exemple, venir y faire des pique-niques. Le grand toit à deux versants recouvert de cuivre repose sur 10 piliers en pierre. À l’une de ses extrémités, l’édicule d’accès au réservoir souterrain prend la forme d’une grande cheminée en maçonnerie ornée d’une esse en fer forgé. À l’autre extrémité, le pignon est revêtu d’un lambris de bois posé à la verticale. De l’intérieur, la charpente en bois de la toiture est apparente. Bien que l’abri possède une composition moderne, le choix des matériaux comme la pierre, le bois et le cuivre qui évoquent l’architecture traditionnelle québécoise s’inscrit dans une longue tradition du parc du Mont-Royal, qui mise sur l’intégration des nouveaux immeubles au caractère pittoresque du lieu. Actuellement clôturé pour en limiter l’accès, le bâtiment est en attente de travaux de mise en valeur.