Pavillon principal du Collège Jean-de-Brébeuf

En septembre 1908, la Compagnie de Jésus procède à l’achat d’une vaste ferme de 42 arpents à Côte-des-Neiges. Se voyant dans l’impossibilité de développer davantage le Collège Sainte-Marie, situé au centre-ville, les Jésuites planifient donc la construction d’un nouveau pensionnat pour garçons sur cette terre à flanc de montagne. La congrégation participe ainsi à un phénomène plus large de développement des abords du mont Royal, dont les versants sont de plus en plus convoités par les communautés religieuses, les hôpitaux et les institutions d’enseignement. Ce milieu calme et naturel, loin du bruit et de la pollution, est par ailleurs jugé plus favorable à la concentration des élèves. Les circonstances économiques et la Première Guerre mondiale retardent toutefois le projet.

Nommé en l’honneur du plus célèbre des martyrs canadiens, le Collège Jean-de-Brébeuf ouvre finalement ses portes en 1928. Le bâtiment, en forme de « T », est dessiné par le père Félix Martin et serait inspiré du palais de Buckingham. Réalisé par la firme Viau et Venne et par Alphonse Piché, il reflète, par son architecture monumentale, le prestige associé aux collèges classiques, considérés alors comme le creuset de l’élite canadienne-française.

Aéré et lumineux, grâce aux multiples fenêtres, l’édifice possède « tous les avantages hygiéniques modernes » : murs à l’épreuve du feu, système de ventilation, corridors larges, grandes salles d’études et de loisirs. Il comprend aussi des dortoirs pour les pensionnaires aux étages supérieurs et une chapelle, aménagée perpendiculairement au corps de logis principal. Les prêtres logent dans un édifice adjacent, construit simultanément à l’arrière du collège.

Le programme éducatif des Jésuites, qui accorde une grande importance à l’activité physique, met à profit l’environnement du collège. L’hiver, on fait du ski sur la montagne, tandis que l’immense terrain qui entoure le bâtiment accueille des cours de récréation, des patinoires et une piste d’athlétisme. Ces installations ne sont terminées qu’en 1946, à la suite de travaux de terrassement majeurs.

Avec la réforme de l’éducation survenue à la fin des années 1960, le corps enseignant s’est progressivement laïcisé et l’institution a cessé d’offrir le cours classique. Elle est aujourd’hui séparée en deux volets : une école secondaire privée et un cégep mixte. Le terrain de la propriété a gardé une superficie considérable et comprend toujours un boisé.