Le 7 décembre 1923, l’Hôpital Royal Victoria et le Montreal Maternity Hospital, fondé en 1843 sous le nom de University Lying-In Hospital, signent une entente associant les deux établissements. Autrement dit, l’enseignement et les services destinés aux femmes en gynécologie, en obstétrique, en médecine et en chirurgie sont regroupés dans une nouvelle structure unique, qui sera bâtie sur le terrain de l’Hôpital Royal Victoria. Ce bâtiment, nommé le Royal Victoria Montreal Maternity Hospital, aujourd’hui le pavillon F ou pavillon des Femmes, est conçu par les architectes américains Stevens et Lee en 1926. Tout comme le pavillon Ross Memorial (R) adjacent, des mêmes architectes, le nouveau bâtiment s’inspire de l’architecture seigneuriale écossaise des édifices d’origine de l’hôpital conçus par Henry Saxon Snell.
Le nouveau pavillon de 10 étages se situe très haut sur le site du complexe hospitalier, à l’endroit d’un ancien verger. On y accède par l’une des entrées officielles : en face du mont Royal, au nord, et par la rue University, au sud, qui donne sur la ville. Les patientes aisées occupent les étages les plus élevés et utilisent l’entrée supérieure, au nord, située au quatrième étage actuel. Des références évidentes à l’architecture aristocratique, domestique ou hôtelière réconfortent les Montréalaises des classes moyenne et supérieure, tout en offrant des vues magnifiques sur Montréal. Quant aux patientes de la classe ouvrière, elles pénètrent dans l’édifice par un niveau inférieur, après être passées devant la chaufferie, la buanderie et le garage situés le long de la rue University. L’exploitation des caractéristiques de la topographie du site et l’organisation des accès qu’elle permet assurent donc la séparation des patientes selon leurs classes sociales
Le plan général de l’hôpital évoque un « V », avec l’extrémité ouest dans le même axe que le pavillon Ross Memorial, alors que l’autre est implantée perpendiculairement à la rue University. La tour centrale, qui présente une horloge à son sommet, est intégrée à l’élévation sud. Elle se distingue de la silhouette de l’hôpital et assure habilement l’articulation des deux axes du plan en angle.
À l’ouverture, 100 infirmières vivent dans l’édifice, prévu pour accueillir de 208 à 212 patientes. Les chambres des patientes payantes sont sophistiquées et s’accompagnent de détails à la fine pointe, entre autres système d’appel, éclairage localisé et veilleuses, câblage nécessaire pour électrocardiographe, fontaines d’eau stérile, insonorisation et ascenseurs dont l’ajustement précis s’opère automatiquement.
Aujourd’hui, l’avenir des édifices du complexe hospitalier n’est pas encore connu.