Tout près de l’édifice Allan, au 333, rue de la Commune Ouest, un John Young de bronze veille sur ce secteur où les navires mouillaient autrefois par dizaines. Un honneur bien mérité.
John Young
La Commission du havre de Montréal était responsable, à partir de 1830, du développement du port. Elle agissait aussi comme tampon entre les autorités gouvernementales et les marchands montréalais, rassemblés au sein du Board of Trade. La majorité des échanges commerciaux se faisant par la mer, les marchands étaient très désireux de voir le port s’agrandir... en même temps que leurs profits. Les commissaires de la Commission étaient eux-mêmes de riches marchands ayant des intérêts dans différents secteurs de l’import-export.
Batailleur et progressiste
John Young - Shakespeare Club
John Young peut être considéré comme le véritable père du port de Montréal. C’est à titre de commissaire et de président de la Commission du havre, poste prestigieux qu’il occupera de 1853 à 1866, qu’il va s’attaquer aux déficiences qui empêchent la bonne marche du transport maritime. Par des projets souvent considérables, il va améliorer l’accessibilité et l’efficacité du port : construction de nouveaux quais, réorganisation des douanes, élimination de la Maison de la Trinité chargée de la navigation, dragage du chenal de navigation sur le Saint-Laurent pour permettre la remontée de plus grands navires, etc. Ses intérêts personnels en tant qu’actionnaire de diverses compagnies le poussent à soutenir certains projets qui lui sont favorables : la construction du pont Victoria et l’agrandissement du port vers l’est sur des terrains qui lui appartiennent. Mais malgré ce côté opportuniste, Young a contribué beaucoup plus au développement du port qu’à ses propres intérêts. Certaines de ses idées, restées à l’état de projet, illustrent son côté visionnaire. Il envisage ainsi le creusement d’un canal reliant Kahnawake au lac Champlain tout comme l’érection du pont Royal-Albert sur un emplacement où la Commission du havre inaugurera le pont Jacques-Cartier en 1930.
La reconnaissance des pairs
Probablement en raison de mauvaises spéculations, les affaires de John Young vont décliner à partir des années 1860. Il se trouvera dans une situation financière gênante dans les dernières années de sa vie, demandant même une pension, mais il se verra plutôt offrir plusieurs postes de faveur et demeura donc actif. Il conserva néanmoins une grande réputation qui lui valut à sa mort, en 1878, la reconnaissance de ses pairs.
La Commission du havre soutiendra le John Young Memorial Committee pour faire ériger un monument à sa mémoire, en 1908. D’abord localisé sur la pointe à Callière, il est déplacé à l’angle des rues de la Commune et d’Youville en 1997, devant l’édifice Allan.
Cet article est paru dans le numéro 21 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008. Il a été remanié en 2015.