Ce n’est que depuis 1985 que Montréalais et Montréalaises composent le 911 pour accéder à tous les services d’urgence. Tardif pour plusieurs raisons, ce progrès est cependant certain.
911
D’où vient le 911?
Opérateurs civils avant 911
Si les Britanniques utilisent le 999, les Nord-Américains composent le 911. Pourquoi cette différence? La National Fire Chief’s Association des États-Unis lance l’idée, en 1957, d’avoir un numéro d’urgence unique comme à Londres. Après une décennie d’attente et de tergiversations, le numéro est enfin mis en service. Le choix du 911 s’explique de plusieurs façons. Tout d’abord, il n’est pas utilisé comme indicatif régional, de plus, il est facilement mémorisable et plus simple à composer que le 999… surtout si on doit faire l’appel à partir d’un téléphone à cadran rotatif! Le membre de la Chambre des représentants de l’Alabama Rankin Fite est le premier à appeler le 911 aux États-Unis, le 16 février 1968. Ce n’est que cinq ans plus tard, en 1973, que la Maison-Blanche, à la suite du rapport Katzenbach, lance une politique nationale visant l’utilisation du 911 partout au pays.
Au Canada, la ville de Winnipeg est précurseure et adopte le 999 dès 1959. Lorsque le gouvernement canadien choisit de se doter de ce système d’appel en 1972, l’administration municipale winnipégoise abandonne le 999 pour le 911. La seconde ville à mettre en place ce service est London en Ontario en 1974. Au Québec, ce sont Laval (1977), Longueuil (1978), Baie-Comeau (1981) et Boucherville (1983) qui sont les premières municipalités à l’offrir à leurs citoyens.
Le 911 à Montréal
Numéro police 1957
En effet, le service des incendies a ses boîtes d’alarme depuis 1863 alors que la police de Montréal se dote d’un système similaire en 1893, puis opte pour la téléphonie dans les années 1920. L’installation se fait en deux temps. En 1925, on verse 180 362 dollars à la Northern Electric pour mettre en place un réseau téléphonique dans certains postes de la division ouest. Deux ans plus tard, la même compagnie obtient un second contrat pour l’installation du réseau dans la division est. La facture s’élève à 117 738 dollars. L’implantation d’un système de communication téléphonique aura ainsi coûté près de 300 000 dollars.
Tout au début, les gens qui veulent joindre la police doivent composer « Harbour 7171 », puis ce sera « University 1-2511 » en 1957 et « University 8-7654 » en 1959. Enfin, à partir du milieu de cette décennie, les citoyens appellent au 872-1313, qui devient le 934-2121 lors de la création de la Communauté urbaine de Montréal (CUM) en 1970. Ce n’est que le 24 avril 1981 que la CUM forme le comité des mesures d’urgence qui doit se pencher sur la question de l’adoption du 911 en territoire montréalais. Piloté par le maire d’Anjou, Jean Corbeil, le comité se met à la tâche et réfléchit aux façons de mettre en place un centre de communication d’urgence.
Suivant les recommandations du comité, la Ville mandate Bell Canada le 14 avril 1983 pour la mise sur pied du service. Le comité d’urgence 911 voit le jour et est lui aussi chapeauté par le maire d’Anjou. Au sein de ce comité, le Service de police de la CUM est représenté par Robert Côté alors directeur des Télécommunications. D’autres représentants sont membres du comité, notamment une personne du service d’incendie de Montréal, une autre des services d’incendie des villes de banlieue, d’Urgences-santé, de la Sûreté du Québec et d’Hydro-Québec. De 1982 à 1985, l’équipe chargée de l’implantation du système se rencontre hebdomadairement.
Le système est fonctionnel le 1er décembre 1985 à quatre heures pile. Les citoyens qui appellent au 934-2121 entendent un message automatisé les invitant à communiquer avec le 911 pour toute assistance immédiate. Au départ, les responsables du service du 911 montréalais sont très stricts et mettent fin à la tradition des appels non urgents de citoyens. Plus question, comme le raconte Robert Côté, de passer un coup de fil aux opérateurs afin de connaître le score de la partie de hockey de la veille! Le service doit être réservé aux urgences. Avec le temps, les règles s’assouplissent quelque peu, et certaines situations qui ne sont pas vraiment des urgences sont prises en charge par le 911.
Depuis la mise en fonctionnement, les opérateurs du 911 ont reçu plusieurs appels pour des drames du quotidien, mais aussi pour les grandes tragédies montréalaises, comme les attaques à l’École Polytechnique, à l’Université Concordia ou encore au Collège Dawson.
Merci à Robert Côté pour la relecture de cet article.
Contribution à la recherche : Renaud Béland.
LAURIN, Hélène. « Pourquoi compose-t-on le 911 lors d’une urgence? », Chronique en 5 minutes – Journal de Montréal, 15 novembre 2017.
https://www.journaldemontreal.com/2017/11/15/pourquoi-compose-t-on-le-911-lors-dune-urgence
LEBLANC, Richard. « Le 9-1-1 de l’île de Montréal a 25 ans », Service de police de la Ville de Montréal, novembre 2010.
https://spvm.qc.ca/upload/capsules_historiques/2010/Dossier%20-%2025%20ans%20de%20911_novembre2010.pdf
SERVICE DE POLICE DE LA VILLE DE MONTRÉAL. « Centre d’urgence du 911 – Histoire », Découvrir le SPVM, Service de police de la Ville de Montréal.
https://spvm.qc.ca/fr/Pages/decouvrir-le-spvm/qui-fait-quoi/Centre-durgence-911-/Histoire
TURMEL, Jean, et Yolande FRENETTE. Le Service de police de la cité de Montréal (1909-1971) : étude rétrospective sur son organisation, Montréal, sans éditeur, 1974, 271 p.