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L’Hôpital chinois de Montréal

02 juin 2017

L’Hôpital chinois est un des emblèmes de la communauté sinophone de Montréal. Une statue de Confucius veille sur cette institution unique en son genre, inaugurée en 1918.

Hôpital chinois

Les responsables de l’hôpital chinois ) et les soeurs Marie-du-Saint-Sacrement, Marie-de-la-Visitation et Gertrude Campbell sont photographiés devant le premier bâtiment de l’hôpital, rue Clarke.
Archives des Soeurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception.
En 1918, une grave épidémie d’influenza fait rage partout à travers le monde. Montréal n’est pas épargnée : de septembre à novembre, plus de 17 000 cas sont répertoriés dans la métropole. Les cliniques et hôpitaux débordent. Les Chinois figurent alors parmi les groupes les plus vulnérables : ils habitent des logements souvent bien peu équipés, insalubres, dans un secteur densément peuplé. En outre, on leur refuse souvent une place dans les institutions de santé de la ville, déjà saturées. Plusieurs s’en remettent aux herbes médicinales, distribuées à l’époque dans certaines buanderies chinoises.

Face à cette situation consternante, les Sœurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception demandent au gouvernement municipal l’autorisation d’établir un espace pour traiter les Chinois malades. Ces religieuses avaient établi en 1909 une mission en Chine et aidaient déjà les immigrants chinois à leur arrivée dans la métropole. Elles font l’acquisition d’un bâtiment abandonné, au 66, rue Clark, puis le transforment en station de premiers soins. Lorsque la crise s’achève en 1919, le local ferme ses portes. Près de 60 hommes d’origine chinoise y avaient été accueillis. La sœur Délia Tétreault et le frère Roméo Caillé, chef de la mission en Chine, reçoivent cette année-là une médaille du gouvernement chinois pour leur geste de charité.

De local à hôpital

Hôpital chinois

Deux religieuses posent devant la façade du nouveau local de l’hôpital chinois, au 112 rue De La Gauchetière.
Archives des Sœurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception.
En 1919, la Chinese Benevolent Association achète une vieille synagogue, au 112, rue De La Gauchetière. Elle souhaite convertir l’édifice en un hôpital chinois permanent, avec davantage d’espace et de ressources. L’administration de l’institution est confiée aux religieuses de l’Immaculée-Conception, notamment parce que l’une d’elles, sœur Marie de Saint-Georges, a passé plusieurs années en Chine et peut communiquer en trois langues.

En 1922, l’institution accueille son premier médecin, le docteur Louis E. Fortier. Il sera vite rejoint par un collègue, le docteur William Delorme. Ensemble, ils planifient des agrandissements, l’achat de nouveau matériel. Jusqu’en 1945, l’Hôpital chinois est entièrement financé par les dons de la diaspora chinoise établie à Montréal et au Canada. Pendant cette période, la plupart des patients sont âgés et solitaires. Les hommes sans famille sont nombreux à l’époque : arrivés à Montréal au tournant du XXe siècle, plusieurs avaient d’abord travaillé en Colombie-Britannique pour la construction du chemin de fer Canadien Pacifique. De plus, à cause de la Loi d’exclusion des Chinois (1923-1947), l’immigration chinoise est interdite, empêchant les familles de se réunir.

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Façade du nouveau bâtiment au 7500 Saint-Denis en 1965.
Archives des Sœurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception.

L’Hôpital déménage!

Au début des années 1960, l’Hôpital peine à répondre aux besoins grandissants de la communauté. Le nombre de lits y est limité et le bâtiment se fait vieux. En juillet 1963, un lot est acheté dans la rue Saint-Denis, tout près de la rue Jean-Talon. Une vaste campagne de financement est organisée par le conseil d’administration, dont fait partie le révérend Thomas Tou, prêtre catholique chinois arrivé à Montréal en 1957. Grâce à une subvention du gouvernement fédéral et au succès de la campagne médiatique, le nouvel hôpital ouvre finalement ses portes en 1965. Martha Lou, une travailleuse sociale originaire de Hong Kong, y remplace cette année-là sœur Marie de Saint-Georges comme interprète. Cette dernière est alors âgée de près de 80 ans.

Hôpital chinois - 1965

Scène de la cafétéria des malades, au deuxième étage du nouvel hôpital en 1965.
Archives des Sœurs Missionnaires de l’Immaculée-Conception.
En 1969, l’Hôpital recentre ses activités et se concentre désormais sur les soins de longue durée. Les premiers immigrants chinois, arrivés à Montréal à la charnière du XIXe et du XXe siècle, vieillissent souvent seuls et sans famille, et leurs besoins sont alors criants. Une journaliste du Photo-Journal, Thérèse Vaillancourt, vient par exemple à la rencontre de ces premiers immigrants. L’un deux, qui a 93 ans à l’époque, témoigne de l’importance de l’institution pour les aînés : « Un lit blanc, de bons soins et des compatriotes avec qui converser en chinois… je me trouve très heureux. »

Le nouvel hôpital a toutefois un défaut : il se situe bien loin du lieu de résidence de plus de 150 personnes âgées, qui vivent dans le Chinatown. Au milieu des années 1980, 60 % des résidants chinois du secteur ont plus de 60 ans. C’est la raison pour laquelle, en 1985, le conseil d’administration de l’Hôpital met sur pied un projet pour le relocaliser de nouveau. Une autre campagne de financement d’envergure est lancée : soupers-bénéfices, festivités et appels aux dons sont annoncés dans les journaux. Le nouvel Hôpital voit finalement le jour sur l’avenue Viger en 1999, grâce aux contributions de la communauté et aux subventions gouvernementales. L’édifice est aujourd’hui très reconnaissable : les portes du jardin sont typiquement chinoises, et une imposante statue de Confucius accueille désormais les visiteurs.

Hôpital chinois - 2016

Vue de l'hôpital chinois en 2016
Photo de Denis-Carl Robidoux, Centre d'histoire de Montréal.

Note : La géolocalisation sur la carte est l’emplacement du module d’exposition. 

Références bibliographiques

CHA, Jonathan. « La représentation symbolique dans le contexte de la mondialisation : L’exemple de la construction identitaire du quartier chinois de Montréal, » Journal of the Society for the Study of Architecture in Canada / Journal de la Société pour l’étude de l’architecture au Canada, 29, nos 3, 4 (2004), p. 3-18. Également disponible en ligne : patrimoine.uqam.ca/upload/files/publications/CH.pdf 

CHAN, Kwok B. « Ethnic Urban Space, Urban Displacement and Forced Relocation: The Case of Chinatown in Montreal », Canadian Ethnic Studies, vol. 18, no 2, 1986, p. 65-78.

HO, Evi Kwong-ming. The Montreal Chinese Hospital 1918-1982: A Case Study of an Ethnic Institution, Mémoire (M.A.), Montréal, Université McGill, 1983, 223 pages.

PICHÉ, André. « Soins de santé et tradition : un peu plus à l’Est... l’hôpital chinois de Montréal », VO : Le magazine de vie ouvrière, vol. 248, mai-juin 1994, p.18-20.

TURCOTTE, Denise. « Hospitals for the Chinese in Canada: Montreal (1918) and Vancouver (1921) », Historical Studies, vol. 70, 2004, p. 131-142.

VAILLANCOURT, Thérèse. « Sans femme, sans foyer, sans soleil : Le Chinois de Montréal n’avait même pas le droit d’être malade. », Photo-Journal, semaine du 19 au 26 août 1964.

蒙特利尔中华医院,由紧急病房变成永久医院

1918年,一场严重的流感疫情摧毁了蒙特利尔,华人是最受影响的社群之一。有鉴于此,圣母无玷始胎修女们在 Clark 街66号购买了一座楼宇用作照料病人的紧急病房。疫情结束后,该紧急病房也随之关闭。

1919年,中华会馆在De La Gauchetière 街112号买了一座旧犹太教堂,并将其改建成一所永久性的华人医院。1960年代初期,面对社区人口老化,需求日益增长,该医院所提供的服务供不应求。 1963年,中华会馆在Jean-Talon 附近的 Saint-Denis 街买了另一座楼宇,但新医院位置距离住在唐人街的长者很远。董事会随后决定再次搬迁,并于1999年在 Viger 大街上兴建新医院大楼。该建筑物现在非常瞩目:花园大门是中国式的,也放有孔子雕像来迎接访客。

La traduction en chinois simplifié a été faite par Serena Xiong (熊吟) et révisé par Philippe Liu (刘秦宁).

滿地可中華醫院,由緊急病房變成永久醫院

1918年,一場嚴重的流感疫情摧毀了滿地可,華人是最受影響的社群之一。有見及此,聖母無染原罪修女在 Clark 街66號購買了一座樓宇照料病人。疫情結束後,該緊急病房也隨之關閉。

1919年,中華會館在De La Gauchetière 街112號買了一座舊猶太教堂,興建永久華人醫院。1960年代初期,面對此社群人口老化,需求日益增長,該醫院供不應求。 1963年,中華會館在Jean-Talon 附近的 Saint-Denis 街買了另一座樓宇,但新醫院位置距離住在唐人街的長者很遠。董事會隨後決定再次搬遷,並於1999年在 Viger 大街上興建新醫院大樓。該建築物現在非常矚目:花園大門是中國式的,也放有孔子雕像來迎接訪客。

Traductrice : Wai Yin Kwok.