Louis Cyr, sacré homme le plus fort du Canada en 1886, a été policier dans une ville aujourd’hui intégrée à Montréal. Sous cet uniforme, l’hercule québécois n’a pas connu le succès.
Louis Cyr - contrat
Annexée en 1905 et faisant désormais partie du quartier Petite-Bourgogne dans le sud-ouest de Montréal, Sainte-Cunégonde est, quelques années après sa fondation en 1876, aux prises avec de graves problèmes de délinquance. À la même époque, Cyr roule sa bosse depuis un certain temps, d’abord dans la ferme de ses parents, dans les camps de bûcherons l’hiver, puis dans les usines de Lowell au Massachusetts où la famille a immigré en 1878 en espérant faire fortune. Quelques années plus tard, en 1882, les Cyr reviennent au Québec, et Louis fait une rencontre marquante, celle de Mélina Comtois qui deviendra son épouse cette année-là. Louis ayant déjà connu un peu de succès grâce à ses exploits d’homme fort aux États-Unis, le jeune couple prend la route pour Lowell. Les jeunes gens y font la connaissance d’un certain MacSohmer qui convainc Louis de partir en tournée dans les Maritimes et au Québec. L’aventure ne dure que quelques mois, et MacSohmer escroque Cyr. Dépité et à la recherche d’un revenu stable, le couple rentre au Québec et s’installe à Montréal.
À 17 ans, Louis Cyr pesait déjà 230 livres, soit un peu plus de 104 kilos. Trois ans plus tard, cette imposante stature lui servira alors qu’il est embauché comme policier en 1883 par l’administration de Sainte-Cunégonde. Au moment de son entrée en fonction, cette Ville n’a pas encore de contrat d’engagement écrit et n’en adopte un que l’année suivante. Les policiers actifs doivent alors signer un contrat d’engagement en bonne et due forme qui explique ce que l’on attend d’eux. Cyr paraphe le sien le 18 avril 1885. Selon le contrat, il sera à la fois policier, pompier et gardien. Il peut également être appelé à faire d’autres tâches si la Ville a besoin de lui. Son salaire de huit « piastres » lui sera versé tous les samedis. S’il ne satisfait pas aux conditions de son embauche, il peut être remercié sans préavis et sans compensation financière. Toutefois, s’il décide de quitter le service, il doit en informer ses supérieurs huit jours avant la date de son départ. Dans tous les cas, il devra rendre son uniforme au moment de quitter ses fonctions.
Un homme fort au service de la police
Louis Cyr
Il quitte le service en décembre 1885, mais pas Sainte-Cunégonde puisqu’il fait une demande pour obtenir une licence d’hôtelier en avril 1886. Il tient un petit hôtel et une salle d’athlétisme située au 749, rue Saint-Joseph, aujourd’hui rue Notre-Dame. Il possède les établissements pendant deux années au cours desquelles il part également en tournée. Outre l’ouverture de ses commerces, l’année 1886 est marquante pour Louis Cyr qui remporte le titre d’homme le plus fort du Canada en mars lorsqu’il bat David Michaud, jusqu’alors détenteur de cet honneur. À la fin de son séjour montréalais, Cyr fonde un cirque avec Horace Barré, un autre homme fort.
Souffrant de la maladie de Bright, une infection aux reins, Louis Cyr prend sa retraite en 1900. Malgré cela, il participe à quelques événements jusqu’en 1906 lorsqu’il gagne sa dernière compétition en février au parc Sohmer. Il en profite pour officiellement passer le flambeau à son adversaire de la nouvelle génération, Hector Décarie. Il décède le 10 novembre 1912 chez sa fille à Montréal et est inhumé deux jours plus tard à Saint-Jean-de-Matha, sa résidence des dernières années.
CYR, Céline. « Cyr, Louis », Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003. (Consulté le 25 juin 2020).
http://www.biographi.ca/fr/bio/cyr_louis_14F.html
FOREST BONIN, Anick. « Louis Cyr, policier et hôtelier à Sainte-Cunégonde, 1883-1888 », Archives de la Ville de Montréal, 11 juillet 2013. (Consulté le 25 juin 2020).
http://archivesdemontreal.com/2013/07/11/louis-cyr-policier-et-hotelier-...