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Au marché Saint-Jean-Baptiste

08 septembre 2020
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La municipalité Saint-Jean-Baptiste a été intégrée à Montréal, son marché a disparu. Mais le souvenir de cet ancien lieu de commerce et de vie reste dans la mémoire du Plateau Mont-Royal.

Marché Saint-Jean-Baptiste

Photo en noir et blanc d’un marché public avec des charrettes sur le côté de l’édifice.
Archives de la Ville de Montréal. M94-Z157-1.
Employé à l’entretien du parc du Mont-Royal, Prosper Bélec réside avec sa famille sur la rue Rivard, entre les rues Marie-Anne et Rachel, dans l’ancienne municipalité de Saint-Jean-Baptiste. En ce début du XXe siècle, Prosper a l’habitude de s’arrêter après le travail au marché Saint-Jean-Baptiste, au coin nord-est des voies Rachel et Saint-Laurent. Il y achète fréquemment une poule vivante que son épouse Ida prépare pour le souper.

En passant par le marché

Pour cette famille et bien des résidants des environs, le marché Saint-Jean-Baptiste est le cœur de la communauté. À proximité, les bureaux de la poste et de la télégraphie, plusieurs commerces et hôtels ont pignon sur rue. Sous le regard des habitués, les agriculteurs viennent régulièrement vendre ici le fruit de leur labeur. Le soir, ils vont prendre un verre bien mérité à l’un des hôtels du quartier avant de reprendre le chemin de la ferme le jour suivant. Sur le boulevard Saint-Laurent, les charrettes des cultivateurs retournant chez eux côtoient les voitures de tramway bondées.

Incendie, bagarre et insalubrité

Marché Saint-Jean-Baptiste

Photo en noir et blanc montrant un édifice abritant un marché vu du coin de la rue. Des voitures et des gens circulent.
Archives de la Ville de Montréal. VM94-Z2230-1.
Délimitée par l’avenue Duluth au sud, le mont Royal à l’ouest, les avenues du Mont-Royal au nord et Papineau à l’est, la municipalité de Saint-Jean-Baptiste voit le jour en 1861. Hors des limites de Montréal, les résidants échappent à ses règlements, qui interdiraient leur maison en bois et leur porcherie jugée nauséabonde. C’est à l’étage du marché Saint-Jean-Baptiste, dans une vaste salle permettant la tenue de spectacles et de réunions politiques, que siège le conseil municipal. Imposant peu de taxes, il n’a pas les moyens de construire un aqueduc ni un égout. Sans l’eau courante, les pompiers peinent à éteindre les incendies, plus fréquents car la ville se densifie. Les quelques policiers n’arrivent guère à maintenir l’ordre lorsque les bagarres éclatent. Empestée par les écuries de la Montreal Street Railway Company, les abattoirs et les fours à chaux, la population de Saint-Jean-Baptiste finit par réclamer plus de salubrité. La municipalité s’annexe à Montréal en 1886, accédant ainsi à des services municipaux modernes et à une réglementation plus stricte.

Le marché disparaît

Parc des Amériques

Photo couleur d’un petit parc urbain.
Centre d’histoire de Montréal
Sur un cliché datant de 1955, on constate que les charrettes ont laissé place aux camions et que de nouvelles halles se dressent dans le quartier. En 1931, les autorités municipales ont effectivement décidé de réaménager complètement le vieux marché Saint-Jean-Baptiste datant de 1871. En ces temps de crise économique, ce sont les nombreux chômeurs embauchés pour les travaux publics qui se mettent à l’œuvre. Bientôt un beau bâtiment d’inspiration Art déco s’élève sur ce coin de rue animé. À l’intérieur, le poissonnier et le boucher tiennent boutique tandis que les étals extérieurs accueillent les maraîchers.

Arrivés de Roumanie en 1946, Simcha Leibovich et Fanny Schwartz ouvrent en 1948 une première épicerie dans les Halles Saint-Jean-Baptiste afin d’offrir, entre autres, des produits destinés à la communauté juive. À la fermeture du marché en 1966, le couple déménage son humble épicerie au coin des voies Saint-Laurent et Napoléon, où elle conserve son allure d’antan jusqu’à sa fermeture en 2005. Pendant près de 60 ans, Simcha Leibovich et Fanny Schwartz ont fait partie des irréductibles de la Main d’autrefois, connus et appréciés de tous les résidants.

En 1961, la popularité grandissante des supermarchés entraine en effet la fermeture des Halles considérées comme vétustes et insalubres. Démolies en 1966, elles sont remplacées par un stationnement. En 1990 et 1991, le parc des Amériques est aménagé à cet emplacement en l’honneur de la communauté latino-américaine, dont la présence à Montréal s’accentue à cause de l’exil dû à la montée des dictatures en Amérique du Sud.

Cet article, remanié pour Mémoires des Montréalais, est paru dans la chronique « Montréal, retour sur l’image » dans Le Journal de Montréal du 19 novembre 2017.

Références bibliographiques

BENOÎT, Michèle et Roger GRATTON. Pignon sur rues, Montréal, Guérin littérature, 1991.

BUR, Justin, et autres. Dictionnaire du Plateau Mont-Royal, Montréal, Éditions Écosociété, 2017.

GUILLAUME. « Parcours historique FRAG sur la Main », Société de développement du boulevard Saint-Laurent, 13 juin 2015.

http://boulevardsaintlaurent.com/fr/nouvelle/parcours-historique-frag-su...

« 4231-31b boulevard Saint-Laurent », Les Amis du boulevard Saint-Laurent.

http://amisboulevardstlaurent.com/wp-content/uploads/2010/04/4231-31b.pdf