Gabriel Lenoir dit Rolland (1688-1751) est le premier marchand-tanneur de Montréal qui soit né en Nouvelle-France.
Gabriel Lenoir dit Rolland naît à Lachine en 1688. Sa mère, Marie-Madeleine Charbonnier, est fille du roi; elle arrive probablement à Montréal entre 1665 et 1668, alors que Jean Talon est intendant. Son père, François Lenoir dit Rolland (il tient ce nom du prénom de son père, Rolland) arrive quant à lui sur le territoire en 1665.
François Lenoir est engagé comme soldat au sein du régiment Carignan-Salières. Au terme de son contrat, il décide de rester en Nouvelle-France et de se réorienter dans le commerce des fourrures. En 1669, on lui concède des terres sur l’actuel territoire de la ville de Lachine. Il y construit le fort Rolland, un poste de traite fortifié voué au commerce avec les Autochtones. Lachine se développe rapidement après l’érection du fort. On peut présumer que le couple Charbonnier-Lenoir dit Rolland y demeure entre 1670 et 1690, puisque leurs six enfants, nés entre ces dates, sont baptisés sur les lieux.
D’apprenti tanneur à marchand-tanneur
Arts du cuir
Gabriel Lenoir dit Rolland travaille pour Delaunay pendant six ans. Selon l’historienne Jocelyne Perrier, un apprentissage dans le domaine de la tannerie dure en moyenne quatre ans et demi en Nouvelle-France. Il est possible qu’une fois l’apprentissage terminé, Lenoir ait été engagé comme employé, avant de devenir l’associé de Delaunay en 1713. L’année suivante, en 1714, il épouse même la fille de son nouvel associé, Marie-Josèphe, avec qui il aura six enfants. Lenoir dit Rolland poursuit ses activités de tannerie jusqu’à sa mort, en 1751.
Les Rolland et le village des tanneries
Tannerie
Ces différents bâtiments établis le long du Upper Lachine Road (autrefois chemin de la Côte-Saint-Pierre) sont à l’origine de ce qu’on appelle au début du XIXe siècle le « village des Tanneries ». Pendant longtemps, on désigne aussi ce secteur sous le nom de « Tanneries-des-Rolland » en raison de la proportion importante de la famille Rolland au sein de la population locale. Les Lenoir-Rolland continuent de marquer l’histoire du village aux XIXe et XXe siècles, alors que plusieurs descendants de Gabriel Lenoir dit Rolland œuvrent dans les métiers du cuir ou comme marguilliers de paroisse (laïcs administrant la construction et l’entretien de l’église). Selon le recensement canadien de 1911, des Lenoir habitent toujours dans le secteur au début du XXe siècle.
AUCLAIR, Élie-Joseph. Saint-Henri des Tanneries de Montréal, Montréal, Imprimerie De-La-Salle, 1942.
PERRIER, Jocelyne. « Les techniques et le commerce de la tannerie à Montréal au XVIIIe siècle », Scientia Canadensis, vol. 24, 2000, p. 51-72.
SÉGUIN, Catherine. Herméneutique de la forme urbaine : le cas de la place Saint-Henri et du square Jacques-Cartier, (Mémoire (M.A.), Université du Québec à Montréal (Archipel), 2008.
SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE SAINT-HENRI. Histoire de Saint-Henri, Société historique de Saint-Henri.
« LENOIR dit ROLLAND, Gabriel », Généalogie des Français d’Amérique du Nord.