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Ucal-Henri Dandurand

11 décembre 2015

Premier propriétaire et conducteur d’une automobile à Montréal, il a fait fortune dans un nouveau secteur de l’économie à la fin du XIXe siècle, l’immobilier. Qui est cet homme?

Ucal-Henri Dandurand

Portrait pied d'Ucal-Henri Dandurand
Centre d'histoire de Montréal, fonds Dandurand.
Ucal-Henri Dandurand est un homme bien de son époque. Il est né à Montréal en 1866 d’un père francophone et d’une mère écossaise, ce qui le rend aussi à l’aise en français qu’en anglais. C’est en investissant dans un secteur de l’économie en pleine expansion au début du XXe siècle, l’immobilier, que Dandurand fait sa place dans la bourgeoisie montréalaise. Il se marie en 1890 avec Blanche Taillefer, qui se consacre à ses nombreux enfants et aux bonnes œuvres, comme bien des épouses bourgeoises de l’époque. La famille Dandurand habite les quartiers aisés de la ville : d’abord le Mille carré doré, où vivent les hommes les plus influents du Canada, et, par la suite, la rue Sherbrooke, où s’installe surtout la bourgeoisie francophone.

Dandurand est un homme au physique imposant et au visage sévère, qu’on considère comme un peu excentrique. Il est certainement à l’avant-garde par certaines de ses passions et de ses méthodes de travail. On lui doit d’abord une nouvelle technique de vente, la vente à tempérament, permettant aux candidats désireux d’accéder à la propriété de le faire en répartissant l’achat d’un lot en plusieurs paiements. Les clients de ce promoteur immobilier s’établissent notamment à Rosemont et à Verdun.

Ucal Hisopompe

Ucal-Henri Dandurand - Famille posant avec la Waltham

cal-Henri Dandurand et sa famille posant avec la première voiture à Montréal.
Centre d’histoire de Montréal, fonds Dandurand.
Si son fils aîné ne l’a vu sourire qu’une seule fois, on l’affuble pourtant d’un surnom amusant : Ucal Hisopompe. C’est qu’Ucal-Henri Dandurand a une passion qui en fait une véritable curiosité pour les Montréalais et Montréalaises du début du XXe siècle : les voitures sans chevaux. Grâce à lui, ils peuvent suivre les développements d’une nouvelle industrie, celle de l’automobile.

C’est lui qui achète et conduit la première automobile qui circule dans les rues de la ville. Imaginez l’étonnement des habitants attroupés, en cette fin de novembre 1899, pour observer M. Dandurand et son passager, rien de moins que le maire Raymond Préfontaine, dans la Waltham à vapeur, véhicule à deux places fabriqué au Massachusetts. Ingénieux, Ucal-Henri Dandurand y fait ajouter un tricycle en remorque, entre autres choses, pour faire des promenades en famille.

L’automobile comme argument de vente

Ucal-Henri Dandurand - Publicité pour les automobiles, 1903

Publicité pour les automobiles à vapeur et à l’électricité parue le 24 octobre 1903
Centre d'histoire de Montréal, fonds Dandurand.
L’automobile est une passion… et une bonne affaire. Selon La Presse, « MM. J.A. Corriveau et U.H. Dandurand ont travaillé et ont réussi à obtenir le contrôle et les droits pour la fabrication et l’opération pour tout le Canada, de cet [au masculin dans le texte] automobile, mû par vapeur générée par la gazoline. Ces messieurs ont également obtenu le contrôle des droits sur un autre automobile électrique… ». L’automobile devient aussi un argument de vente. Promoteur immobilier, Dandurand promène ses clients potentiels dans son véhicule pour aller voir ses terrains à vendre. Quelques années et quelques voitures plus tard, Ucal-Henri Dandurand achète sa voiture la plus célèbre, une De Dion-Bouton, importée de France. Désormais exposée au Musée du Château Ramezay, elle porte la première plaque d’immatriculation : Q-1.

Ucal-Henri Dandurand à son bureau

Ucal-Henri Dandurand dans son bureau
Centre d'histoire de Montréal, fonds Dandurand.

Comme la plupart des bourgeois de cette époque, Dandurand ne limite pas sa participation aux seules affaires. Catholique actif, on le retrouve parmi les organisateurs locaux du Congrès eucharistique de 1910. Membre de la chambre de commerce, du National Board of Trade, il s’intéresse aussi à la politique municipale. En 1904, il est même candidat à la mairie, mais il est défait par Hormidas Laporte, appuyé par La Presse, La Patrie et les réformistes. Le promoteur immobilier est vu comme le candidat des trusts, ces grands monopoles qui contrôlent gaz, électricité et tramways. Dandurand est en effet associé à Herbert Holt, riche et puissant financier à la tête de la Montreal Light, Heat and Power Company, pour le développement de Rosemont. En 1910, c’est comme conseiller municipal de Saint-Jacques qu’il sera élu. Ucal-Henri Dandurand meurt en 1941, à l’âge de 74 ans, laissant dans le deuil quatre fils et deux filles.

Cet article est paru dans le numéro 43 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.

Dandurand fils, conducteur du plus petit train à vapeur du monde!

Ucal-Henri Dandurand - Carton publicitaire petit train à vapeur

Henri-Ucal, sept ans, le fils aîné des Dandurand, se tient devant le plus petit train à vapeur du monde.
Centre d'histoire de Montréal, fonds Dandurand.

Excentrique Ucal-Henri Dandurand? Quelques mois après avoir conduit la première voiture à Montréal, voilà qu’il invite la population à venir voir le plus petit train à vapeur du monde. Non pas un train miniature pour la maison, mais un train dans lequel on peut prendre place et qui est une reproduction fidèle d’une locomotive et de wagons de passagers de grandeur moyenne. La photographie nous le montre qui circule sur le terrain d’une ancienne propriété familiale, Queen’s Park. Sur la carte au verso de la photo, on peut lire qu’Ucal-Henri Dandurand en est le propriétaire et le directeur et que son fils aîné, Henri-Ucal, sept ans, en est le chef conducteur. Le train circule tous les jours à Queen’s Park de 13 h à 23 h.

L’ancêtre de la roulotte motorisée

Ucal-Henri Dandurand - Pullman

La roulotte motorisé, la Pullman, devant la maison de la famille Dandurand rue Sherbrooke Est.
Centre d’histoire de Montréal, fonds Dandurand.

Quoique sévère, Ucal-Henri Dandurand était un père de famille qui aimait consacrer du temps aux siens. Pour les randonnées de fin de semaine, il imagina un moyen de transporter toute sa famille, sa femme et ses onze enfants, ainsi que quelques amis. Il acheta donc un camion Packard de trois tonnes et demanda à un carrossier de l’aménager en voiture familiale. En 1910, la famille Dandurand pouvait se rendre à sa maison d’été, à Rosemère, à bord de la Pullman, nom choisi en référence aux wagons-lits des trains de l’époque. Une vingtaine de personnes pouvaient s’y asseoir et une douzaine pouvait y dormir en tout confort. L’intérieur du véhicule était équipé d’une cuisinette et de toilettes. La famille se servit de la Pullman jusqu’en 1924.