Lieu : Rue Saint-Ambroise, entre les rues Turgeon et Saint-Augustin
1859 : Ouverture de la tannerie
Aux origines de Saint-Henri-des-Tanneries
L’histoire du travail du cuir et des tanneries à Saint-Henri remonte au XVII
e siècle. En 1686, Jean Mouchère, André David et Jean DeDieu auraient en effet acquis une terre adjacente à l’ancienne rivière Saint-Pierre (aujourd’hui disparue) et y auraient construit la première tannerie sur l’île de Montréal. L’entreprise est rachetée par plusieurs autres commerçants dans les décennies suivantes. L’un deux, Gabriel Lenoir-Rolland, sera à la tête d’une véritable dynastie de tanneurs : tous ses fils, et certains de ses petits-fils, apprendront le métier, si bien qu’à la fin du XVIII
e siècle le secteur de Saint-Henri est connu sous le nom des « Tanneries des Rolland ». Au début du XIX
e siècle, le quartier, animé par l’activité des tanneries artisanales et par la construction du canal de Lachine en 1825, est doté d’une école et d’une chapelle. La future municipalité de Saint-Henri est en formation.
La tannerie Moseley, témoin des transformations de Saint-Henri
La tannerie Moseley est construite aux abords du canal de Lachine, dans la rue Saint-Ambroise, en 1859. Il s’agit de la première installation industrielle sur le territoire de l’actuel quartier Saint-Henri. Aussi connue comme la « Moseley Shoe Leather Company », la tannerie se spécialise, comme son nom l’indique, dans la production de cuir verni pour les chaussures et les harnais. Alors que les anciennes tanneries sont davantage gérées par les membres d’une famille et axées sur la production artisanale du cuir, la nouvelle tannerie industrielle utilise, entre autres, la machine à vapeur et profite de l’essor manufacturier lié au canal de Lachine. En 1871, la compagnie, pour laquelle travaillent 30 employés, est la plus importante tannerie de la ville. Moseley présente même ses produits à l’extérieur du pays, notamment à la Centennial International Exhibition de Philadelphie en 1876 et à l’Exposition universelle de Paris en 1878.
À la fin du XIXe siècle, plusieurs incendies auront raison du bâtiment, qui sera finalement reconstruit en 1900. Quelques années plus tard, cependant, la compagnie semble être aux prises avec de profondes difficultés financières. On note dans le Canadian Journal of Commerce de 1907 que la Moseley Shoe Leather Company est en processus de liquidation judiciaire. Le journal Monetary Times affirme quant à lui que Edward Frank Moseley a quitté Montréal sans avoir remboursé ses dettes. Ainsi, vers 1909, la tannerie ferme définitivement ses portes.
Plusieurs compagnies occupent le bâtiment au courant du XXe siècle. Finalement, en 2004, on transforme l’édifice en un ensemble de lofts résidentiels, le Clos Saint-Ambroise. L’histoire de la tannerie Moseley illustre donc celle du quartier Saint-Henri, qui a évolué d’un passé rural et artisanal à la réalité industrielle, puis a connu la désindustrialisation et la revitalisation.
Contribution à la recherche : Société historique de Saint-Henri.