Les Montréalais adoptent la bicyclette dès la fin du XIXe siècle. Le vélo est ensuite déclassé par le tramway et l’automobile, mais il revient en force 100 ans après son arrivée en Amérique.
Vélo d'hiver, photo de François Démontagne
Une vieille histoire d’amour avec le vélo
Vélocipède à patins
L’engouement des Montréalais pour la bicyclette ne date pas d’hier. L’ancêtre du vélo, le vélocipède à pédale, voit le jour en France en 1861. On peut se procurer cette invention à Montréal à compter de 1869. Les amateurs ont à leur disposition une école de « vélocipédie », dotée d’une piste d’apprentissage, où il en coûte 40 cents de l’heure pour apprendre à monter l’engin. À cette époque où l’automobile n’existe pas encore, le vélo, symbole de progrès, est le véhicule le plus rapide et le plus dangereux sur nos routes.
Une quinzaine de courses à bicyclette se déroulent à Montréal dès 1869. Les premières pistes cyclables de l’île sont inaugurées en 1874. On y fait des balades d’agrément tout aussi bien que des randonnées sportives. En 1878, des cyclistes se regroupent pour fonder le Montreal Bicycling Club, premier club du genre au Canada et deuxième en Amérique du Nord. Avec la popularité grandissante des randonnées à vélo sur les routes de campagne de l’île et des environs, une carte des routes cyclables devient nécessaire pour éviter aux cyclistes de se perdre.
Le vélo gagne du terrain, mais perd la partie
Carte des pistes cyclables en 1897
L’arrivée de l’automobile, mais surtout celle du tramway, change radicalement la façon de se déplacer dans les rues de la métropole. Si la voiture, avec son coût prohibitif, n’arrive pas à concurrencer la bicyclette, la mise en place d’un système de transport en commun offre une option plus intéressante aux Montréalais. Implanté à compter de 1892, le réseau de tramway électrique sur rail prend de l’ampleur et séduit les usagers : pour quelques sous, on se déplace sans effort, à l’abri des intempéries et en sécurité.
Carte postale, rue Saint-Denis
Le retour de la petite reine
Il faut attendre les années 1970 pour constater un véritable regain de popularité du vélo. On passe de 20 000 bicyclettes enregistrées à Montréal en 1969 à 37 000 en 1972! C’est le bike-boom : pour la première fois en Amérique du Nord, les ventes de vélo dépassent celles des automobiles.
Monde à bicyclette 1
La première piste cyclable « moderne » est aménagée à la fin des années 1970, en bordure du canal de Lachine. Le réseau se développe de façon significative au début des années 1980. Le premier Tour de l’Île, créé en 1985 pour inaugurer les nouvelles pistes de l’est de la ville, marque une autre étape importante dans le développement de la culture cycliste montréalaise. L’événement devient une manifestation festive annuelle pendant laquelle des milliers d’amateurs de vélo se réunissent pour rouler dans les rues fermées à la circulation automobile. La popularité du Tour franchit rapidement les frontières du Québec et l’événement accueille aujourd’hui des touristes et des Montréalais de tous âges. Récipiendaire d’un record Guiness, avec 45 000 participants, cette manifestation vieille de plus de 30 ans rappelle chaque année aux autorités l’importance de poursuivre le travail de réaménagement urbain en faveur d’une présence accrue du vélo.
Une ville accueillante pour les cyclistes
Concours photo Montréal, carte postale, cycliste sur le pont
En 2011, la firme d’urbanisme danoise Copenhagenize crée un palmarès des meilleures villes cyclables de la planète. Depuis, tous les deux ans, elle classe les villes selon des critères précis, dont le nombre de cyclistes, la qualité des infrastructures cyclables et les politiques en faveur du vélo urbain. Montréal figure au 8e rang dans le premier palmarès, passe en 14e position en 2013 et glisse au 20e rang en 2015… La firme recommande un meilleur entretien du réseau en hiver et la création de pistes le long d’artères principales, tout en notant l’état lamentable de la chaussée.
Vélos dans le métro
BIXI, photo de Sylvie Pinsonneault, concours Montréal, carte postale
En 2009, le système de vélos en libre-service BIXI est inauguré à Montréal. Des bicyclettes conçues spécialement pour ce projet sont offertes en location de courte durée aux Montréalais et aux touristes afin de favoriser ce moyen de transport actif. Le vélopartage est accessible 7 jours sur 7, 24 heures par jour, d’avril à novembre.
Dessinés par le designer montréalais Michel Dallaire, les vélos sont conçus en collaboration avec le manufacturier Cycles Devinci, de Chicoutimi. Robustes et sécuritaires, ils s’adaptent aux conditions climatiques de Montréal. Saviez-vous que la forme arrondie du cadre est inspirée par le boomerang? Un BIXI part souvent, mais il revient toujours… Le nom BIXI, quant à lui, est une contraction des mots BIcyclette et taXI, rappelant l’idée du véhicule partagé par plusieurs usagers. En 2008, le magazine Time classait le BIXI parmi les 50 meilleures inventions de l’année.
La formule BIXI séduit d’autres villes, et le système montréalais s’implante avec succès à Ottawa, Toronto, Boston, New York, Londres, Melbourne, etc. À Montréal, un organisme à but non lucratif est créé en 2014 par la Ville pour gérer le système de vélopartage. Cette même année, plus de 2,8 millions de déplacements ont été effectués par les 335 000 membres et les 69 000 utilisateurs occasionnels. BIXI-Montréal compte aujourd’hui 5200 vélos répartis dans 460 stations.