Au XXe siècle, trois partis politiques organisent la communauté sino-montréalaise. Ils maintiennent aussi un lien avec la mère patrie et favorisent la solidarité entre les Chinois de Montréal.
Dossier Chinois
Reflétant la coutume pratiquée en Chine, les membres des communautés chinoises à l’étranger font partie d’un clan familial, d’associations professionnelles, religieuses et d’entraide et, parfois, d’un parti politique. À Montréal, comme ailleurs, les activités politiques sont organisées par trois grands partis : le Hin-Jing (Parti réformiste chinois), le Zhigongdang (francs-maçons chinois) et le Guomindang (Ligue nationale chinoise, représentée par leur devise San Min Chu I).
Organisations politiques chinoises
Trois grands partis politiques
Défilé de la Victoire
Si les deux derniers groupes ont des objectifs communs (détruire le régime dynastique et instaurer une république), ils ne s’entendent pas sur les moyens pour y parvenir ni sur leur conception de la Chine idéale. La rivalité entre le Zhigongdang et le Guomindang s’explique aussi par les disparités socio-économiques qui les caractérisent et par l’origine géographique et linguistique de ses membres.
Un rôle politique et soulageant
La Presse 14 décembre 1933
Si les convictions des groupes politiques diffèrent, les alliances entre les partis sont fréquentes et changent au gré du contexte politique. Lorsque la situation en Chine devient explosive, des tensions se font sentir à Montréal entre les partis politiques. En 1912, la dynastie Quig s’effondre. Célébrant ensemble la fin du régime impérial des Mandchous, les membres du Zhigongdang et les nationalistes du Guomindang craignent un raid des supporteurs des Quig, le Hin-Jing, à leur siège de la rue De La Gauchetière. Comme le pouvoir et le territoire sont divisés en Chine pendant plusieurs années, les dissensions renaissent à Montréal. Le Zhigongdang dénonce l’alliance du Guomindang avec un nouveau joueur, le Parti communiste chinois, ainsi que la montée de son influence. S’alliant au Hin-Jing, les francs-maçons forment alors un groupuscule s’entrainant aux arts martiaux, le Dartcoon Club. Un conflit avec les nationalistes à propos du contrôle d’une maison de jeu dégénère en bagarre le 13 décembre 1933 au restaurant Man Hong du 71, rue De La Gauchetière. Les protagonistes se battent à coups de sabre, ce qui résulte à plusieurs blessés graves. Mais les incidents entrainant de la violence sont, somme toute, relativement rares à Montréal, particulièrement si l’on compare avec les autres villes canadiennes.
Des rivalités mises à l’écart
Organisations politiques chinoises
Depuis 2001, la place Sun-Yat-Sen, à l’intersection des rues Clark et De La Gauchetière, rappelle l’héritage politique de cet important homme d’État, premier président de la Chine moderne et fondateur du Guomindang.Dans les années suivant la Deuxième Guerre mondiale, l’influence des organisations politiques montréalaises décline graduellement notamment avec l’arrivée au pouvoir du Parti communisme chinois. Néanmoins, les nationalistes du Guomindang et les membres du parti des francs-maçons continuent à perpétuer les traditions chinoises et à célébrer les fêtes annuelles pendant encore quelques décennies. Malgré les résistances des anciens du Guomindang, les membres de la communauté chinoise montréalaise commencent à s’ouvrir davantage sur le monde.
Cet article est tiré de la chronique « Montréal, retour sur l’image », parue dans Le Journal de Montréal du 30 août 2015. La section sur les francs-maçons chinois a été enrichie pour la publication dans Mémoires des Montréalais en 2018.
« Le Chinatown : champ de bataille de deux clans », La Presse, 14 décembre 1933, p. 3 et 27.
« Chinamen wanted for assault held following seach », The Montreal Gazette, 15 décembre 1933, p. 3.
CHAN, Kwok B. Smoke and Fire: The Chinese in Montreal, Hong Kong, The Chinese University Press, 1991, 338 p.
HELLY, Denise. Les Chinois à Montréal : 1877-1951, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1987. 315 p.
HSU, Pu-Shih Thomas. The Chinese-Canadian News Presses, Coverage of Canada’s Recognition of the People’s Republic of China and its Effects on the Vancouver Chinese Community, 1968-1972, Mémoire (M.A.) (Histoire), Université Simon Fraser, 2005, 203 p.