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Georges Bonhomme

23 février 2023

Natif d’Haïti, Georges Bonhomme œuvre pour la Ville de Montréal dès les années 1960. Il y mène une brillante carrière et laisse sa marque en matière de logement et d’urbanisme.

Cet article fait partie d’une série de quatre rédigés dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs pour reconnaître le travail des employés et employées afrodescendants de la Ville de Montréal. Le Réseau d’action des employées et employés noirs de la Ville de Montréal honore ainsi quatre personnes qui ont œuvré pour la Ville et qui ont laissé d’importants legs.

En février 2023, Georges Bonhomme a rencontré la productrice Marie-Denise Douyon dans le studio d’enregistrement du MEM. Cette entrevue a nourri la rédaction de cet article, et elle y est associée sous forme de capsule vidéo.

Georges Bonhomme

Photo noir et blanc en plan taille d’un homme noir portant des lunettes fumées.
Photo : Felix Herrera
Originaire d’Haïti, visionnaire et bâtisseur, Georges Bonhomme a été cadre de direction au Service de l’habitation et du développement urbain de la Ville de Montréal. Il y a contribué, avec son équipe, à l’élaboration de plus de 84 programmes de logements sociaux. Il a ainsi participé à la mise en œuvre d’environ 14 000 logements, dont plusieurs spécifiquement conçus pour les personnes âgées ou en situation de handicaps physiques et ayant des revenus modestes.

Georges Bonhomme est né aux Gonaïves, la cité de l’indépendance d’Haïti, dont les habitants ont un caractère bien trempé. Après des années de scolarité dans sa ville natale, chez les Frères de l’instruction chrétienne, il termine ses études à Saint-Louis-de-Gonzague, un des grands collèges classiques de Port-au-Prince. Après ses classes de philosophie, il s’inscrit en génie à la faculté des sciences appliquées et, une fois diplômé, est engagé à la Division des monuments historiques du Service d’urbanisme d’Haïti comme ingénieur. Dans les mois suivants, il est nommé ingénieur à l’Organisme de développement de la vallée de l’Artibonite. Il y fera l’objet d’une arrestation arbitraire, avec plusieurs de ses collègues ingénieurs, par la police du régime en place. Il sera relâché, dans les jours suivants, sans qu’aucun motif soit divulgué.

Les années de jeunesse

L’architecte Max Vilmenay, responsable de l’urbanisme, obtient une bourse d’études à Lima au Pérou pour Georges Bonhomme, dans le cadre du programme interaméricain de planification urbaine et régionale, programme instauré par l’Organisation des États américains. Cependant, quitter Haïti sous la dictature de Duvalier n’est pas évident, car il faut en premier lieu que les autorités délivrent un sauf-conduit permettant la sortie du territoire haïtien. Il recevra finalement le visa et embarquera pour le Pérou où il poursuivra ses études en urbanisme. En 1962, il produit une thèse récoltant la mention magna cum laude, intitulée Les niveaux de développement en Haïti, et il sera impliqué dans des chantiers d’urbanisme, entre autres à Chincha Alta, ville située dans la région d’Ica, à 200 kilomètres au sud de la capitale Lima.

Après son séjour péruvien, il souhaite revenir en Haïti, cependant à cause du renforcement de la dictature, sa famille lui déconseille ardemment d’y retourner. Il part alors pour la France où vit l’un de ses frères et il y demeure environ deux années. Durant ce séjour, il s’inscrit à l’Institut d’études du développement économique et social de l’Université de Paris. Il décide en fin de compte de s’installer à New York où il travaille pour la firme Madigan Loyd Hiland sur divers projets d’autoroutes urbaines et régionales des États de New York et du New Jersey.

Arrivée à Montréal

En 1965, lors d’une fin de semaine éclair à Montréal, déambulant au hasard des ruelles du Vieux-Montréal, il rencontre au marché Bonsecours un responsable du Service de planification urbaine qui l’informe que la Ville de Montréal aurait un poste à combler en urbanisme. Séduit par l’idée, une fois de retour à New York, il remplit un formulaire de demande d’emploi et est, dans les mois suivants, recruté en tant que préposé à la planification. Montréal deviendra désormais sa ville d’adoption, il y élira domicile au sein du quartier Côte-des-Neiges.

Dès l’entrée de Georges Bonhomme en fonction à la Ville, sa préoccupation quant aux problématiques sociétales d’habitation concernant les personnes âgées ou en situation de handicaps physiques et ayant des revenus modestes est au cœur de ses combats humanitaires. Dans cette optique, en 1966, il développe le projet de logements sociaux Dublin-Fortune à Pointe-Saint-Charles, premier modèle québécois de résidence pour les aînés.

Dans sa lutte pour combler les besoins en logement des personnes à revenus modestes, il sensibilise les dirigeants et décideurs de la Ville à la nécessité de construire plus de 1000 logements sociaux à Montréal. Il s’intéresse par ailleurs à d’autres questions que l’habitation et déclare par exemple : « En tant qu’urbaniste, je crois que la Ville devrait développer des navettes dans chaque arrondissement pour que les personnes âgées puissent circuler et s’approprier leurs quartiers. »

Parcours professionnel dans la métropole

Impliqué dans des réalisations d’envergure, au sein du Service de l’habitation et du développement urbain et de la Commission d’initiatives et du développement économique de Montréal, il a participé à la mise en œuvre de grands projets immobiliers totalisant des investissements publics et privés de plus de 3,5 milliards de dollars. Il a collaboré également à l’élaboration du nouveau cadre réglementaire avec l’abrogation et le remplacement de 72 règlements de zonage. Parmi les chantiers majeurs, le réaménagement du Vieux-Montréal a été sans aucun doute l’un des projets les plus symboliques de sa carrière. Comportant notamment la revitalisation de la place Jacques-Cartier et de la rue de la Commune et la mise à jour du Champ-de-Mars, à l’époque un stationnement public, il est d’importance notoire. Complexe et colossal, il nécessitait un montage financier ardu et impliquait plusieurs paliers de concertation, au niveau des gouvernements fédéral et provincial ainsi que des instances de la Ville de Montréal.

Georges Bonhomme a gravi plusieurs échelons durant sa carrière à la Ville de Montréal , de préposé à la planification urbaine, à directeur du module de la gestion du développement du Service de l’habitation et du développement urbain. Il a dirigé brillamment une équipe de plus de 118 professionnels et professionnelles, de techniciens et techniciennes, d’employés et d’employées de soutien. Gestionnaire ayant un souci d’équité et de reconnaissance des compétences, il a toujours considéré ses supérieurs et ses subordonnés à leur juste valeur et a contribué à l’embauche de personnes issues des minorités culturelles. Il a été le premier cadre à engager des femmes professionnelles.

Georges Bonhomme a pris sa retraite après plus de 30 années de service comme cadre chevronné au sein du Service de l’habitation et du développement urbain. Ses projets d’urbanisme ont été remarquables en ce qui a trait au développement urbain, social, patrimonial et touristique et ont largement concouru à consolider l’image de marque et la notoriété internationale de Montréal.

Georges Bonhomme

Georges Bonhomme

Productrice : Marie-Denise Douyon

13 min 51 s 

2023

Réalisation : 
Felix Herrera