Juge de la cour municipale, puis chef de la police de Montréal de 1931 à 1946, Fernand Dufresne sera condamné dans le cadre de l’enquête Caron tenue au début des années 1950.
« On vous traînera dans la boue, on va se servir contre vous de toutes les armes. Plante, vous êtes prévenu, je ne veux pas que vous veniez vous plaindre à mon bureau. »
— Fernand Dufresne
Fermand Dufresne
Cependant, comme Dufresne demeure en poste jusqu’en 1946, son mandat couvre aussi la période de la guerre, durant laquelle le Red Light est en pleine effervescence et la police, accusée de fermer les yeux. Dufresne donne pour explication le manque d’effectifs policiers, notamment dû à l’enrôlement de nombreux agents, ainsi que la désuétude des lois sur le jeu et la prostitution. Peu avant sa retraite, en 1946, dans la tourmente d’allégations de corruption policière, il nomme Pacifique Plante pour réformer l’escouade de la moralité. Lors de l’enquête Caron, on l’accusera d’avoir toléré et même favorisé les activités illicites à Montréal. Le juge Caron le blâmera dans son jugement, le déclarant inapte à occuper des charges municipales pour 10 ans et lui imposant une amende de 7000 dollars.
Ce texte de Maryse Bédard est tiré du livre Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, sous la direction de Catherine Charlebois et Mathieu Lapointe, Montréal, Cardinal, 2016, p.215.
BRODEUR, Magaly. Vice et corruption à Montréal, 1892‑1970, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2011, 129 p.
CHARLEBOIS, Catherine, et Mathieu LAPOINTE (dir.). Scandale! Le Montréal illicite 1940-1960, Montréal, Cardinal, 2016, 272 p.
LAPOINTE, Mathieu. Nettoyer Montréal : les campagnes de moralité publique, 1940-1954, Québec, Septentrion, 2014, 395 p.
TURMEL, Jean, et Yolande FRENETTE. Le Service de police de la cité de Montréal (1909-1971) : étude rétrospective sur son organisation, Montréal, s. é., 1974, 271 p.