À l’occasion d’Expo 67, les Premières Nations du Canada font connaître au monde entier leur histoire tragique et leurs difficiles conditions de vie, dans un pavillon qui ne passe pas inaperçu.
Expo 67. Pavillon des Indiens du Canada
Alors que le gouvernement canadien prévoyait d’abord inclure au sein du pavillon canadien des espaces consacrés aux Premières Nations, le Conseil indien national (CIN), principale instance représentant les Autochtones à travers le pays, réclame la création d’un pavillon distinct. Dans un contexte marqué par un essor des mouvements d’affirmation autochtone à travers l’Amérique du Nord, le gouvernement canadien, soucieux de ne pas envenimer ses relations avec le CIN, autorise ce dernier à présenter son propre pavillon, à titre de pavillon privé, tout en lui assurant son financement.
C’est toutefois un architecte du ministère des Affaires indiennes qui est derrière le design du pavillon. Adoptant la forme d’un tipi, cet habitat traditionnel des Premières Nations des Plaines, l’architecture plutôt stéréotypée du pavillon reflète peu l’esprit que les représentants autochtones souhaitent lui conférer. Si le ministère décide de l’architecture du pavillon, il en sera autrement pour ce qui y sera présenté. Les représentants autochtones s’assurent en effet de décider du contenu de l’exposition et du message véhiculé.
La lutte des Indiens
Expo 67. Pavillon des Indiens - Hôtesse
Dès leur entrée dans le pavillon, les visiteurs sont invités à explorer l’histoire d’un point de vue autochtone. Après une démonstration de la façon dont les Autochtones ont su développer au fil des siècles divers savoir-faire afin de s’adapter à leur environnement, on souligne comment les Européens les ont entraînés dans des guerres impériales pour s’accaparer des territoires qui étaient jusqu’alors les leurs. On dénonce leur mise en tutelle ainsi que les diverses initiatives mises de l’avant par les autorités pour favoriser leur assimilation. Des panneaux évoquent notamment les méthodes employées par les missionnaires pour inciter les Autochtones à abandonner leurs croyances traditionnelles et épouser la foi chrétienne.
Expo 67. Pavillon des Indiens - Photo du Maclean
Étonnement et indignation
Expo 67. Pavillon des Indiens - Reine
En réaction au tollé provoqué, les responsables du pavillon font valoir que le pavillon ne fait que relayer la parole des Autochtones. Le commissaire général adjoint du pavillon, M. T. R. Kelly, rappelant que les panneaux présentés à l’intérieur du pavillon ne font que reprendre des propos qu’il a entendus au cours de ses voyages à travers les communautés autochtones du pays, déclarera : « Si cela choque certains visiteurs, cela signifiera que notre message est transmis. » Abondant dans le même sens, le chef Andrew Tanahokate Delisle, commissaire général du pavillon, affirmera lors d’une conférence de presse surprise destinée à faire le point sur la controverse : « Nous avons seulement exprimé le sentiment des Indiens d’aujourd’hui. »