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Expo 67. Dans les coulisses d’Explosion 67. Terre des jeunes

Découvrez les secrets d’une exposition exceptionnelle qui met en avant les jeunes et l’histoire orale, en faisant revivre par les sens, de façon immersive, une période marquante de Montréal.

L’exposition Explosion 67. Terre des jeunes a été présentée au Centre d’histoire de Montréal (devenu depuis le MEM — Centre des mémoires montréalaises) du 16 juin 2017 au 13 mars 2020. Elle a mis à l’avant-scène les mémoires de la jeunesse d’alors liées à Expo 67, un événement hors du commun dans l’histoire de Montréal. Expo 67, c’est la cristallisation de mouvements sociaux, politiques, économiques et culturels qui ont profondément transformé la société québécoise. Certains intervenants expliquent ici la genèse du projet et livrent leurs impressions. Ces textes ont été écrits en novembre 2017 dans le cadre du dossier de presse de l’exposition.

Les coulisses vues par Catherine Charlebois, muséologue

Explosion 67. Terre des jeunes

Montage promotionnel composé du visage d’un garçon morcelé en différents bandeaux avec l’insertion d’autres éléments photographiques et des symboles géographiques divers, et le titre Explosion 67. Terre des jeunes en dessous.
MEM – Centre des mémoires montréalaises

« Après notre exposition Scandale! Vice, crime et moralité à Montréal, 1940-1960, nous devions trouver un nouveau thème. Nous anticipions le fort engouement pour le 50e anniversaire d’Expo 67, surtout dans le contexte du 375e de Montréal, mais nous n’étions pas conquis par l’idée de monter une simple exposition commémorative qui risquerait d’être uniquement un exercice nostalgique. Il était important de trouver un angle d’interprétation qui apporterait un regard nouveau sur l’événement et qui interpellerait les Montréalais directement. L’angle de la jeunesse nous est rapidement apparu comme le chemin à prendre. Nous l’avons tout de suite perçu comme un thème fort, peu évoqué dans les musées et qui pourrait susciter l’enthousiasme. L’idée de faire un parallèle entre l’adolescence, période marquante de la vie d’un individu, et Expo 67, période charnière dans l’histoire de la ville de Montréal, à travers l’histoire orale a été notre point de départ.

Explosion 67, c’est le désir de raconter l’histoire de la « bulle Expo 67 » et de la fin des années 1960 : une période de grands bouleversements pendant laquelle une jeunesse s’est mise à rêver d’un monde nouveau. Considérer Expo 67 dans son contexte social des années 1960, nous permettait de casser la vision lisse et souvent cliché de l’époque. C’était aussi aller au-delà de l’événement qu’est Expo 67, le remettre dans son cadre historique et comprendre la période de Terre des Hommes allant de 1968 et 1969.

Avec l’intention de poursuivre notre tradition d’aborder dans nos expositions de grands thèmes de société par l’entremise de l’histoire orale et de faire participer les citoyens à l’interprétation de leur propre histoire, nous avons entrepris une vaste collecte de témoignages de personnes qui avaient entre 11 et 21 ans entre 1967 et 1969. La très forte intensité émotionnelle qui est ressortie de ces entrevues a été une belle découverte et n’a fait que conforter le choix que nous avions fait de raconter l’histoire d’Expo 67 au travers de la jeunesse. Nous avons compris que ces adolescents avaient vécu un grand moment de civilisation, le basculement de toute une société. Ce n’est pas seulement Expo 67, mais toute une période qui les a marqués à vie. Ils ont fait partie, comme témoin et comme acteur, d’un énorme processus de mutation auquel ils ne pouvaient pas échapper. En effet, toutes les sphères de leur vie étaient touchées : la vie familiale, la vie scolaire, la vie culturelle, les relations homme-femme et les prises de position citoyennes.

Le terme Explosion 67 exprime donc l’onde de choc que crée Expo 67, mais aussi l’explosion mentale des horizons de cette jeunesse. Explosion 67 est un triptyque de visions et de souvenirs d’Expo 67, sur la fin des années 1960, sur le vécu de cette jeunesse et sur le regard que les témoins portent aujourd’hui sur cette période de leur vie. »

Les coulisses vues par Antonio Pierre de Almeida, réalisateur

Explosion 67 - table interactive

Photographie couleur qui montre un écran divisé en plusieurs carreaux de tailles différentes. Des photographies, des objets et des infographies occupent les carreaux. Une main à l’avant-plan s’apprête à appuyer sur l’écran.
MEM – Centre des mémoires montréalaises

Fort d’une relation professionnelle établie depuis plusieurs années avec le Centre d’histoire de Montréal, Antonio Pierre de Almeida saute à pieds joints dans le projet Explosion 67 lorsqu’il est approché par ce musée. Il a collaboré pendant environ un an avec Martin Bernier et Patrick Bossé de la compagnie de production Fig55 pour concevoir cette exposition.

« À partir des orientations conceptuelles données par le Centre d’histoire de Montréal, notamment par Catherine Charlebois, nous avons créé le concept de l’exposition, son espace, son décor, son cheminement et l’intégration des capsules, et ce, en étroite collaboration avec le Centre d’histoire.

Rapidement, l’équipe a voulu jouer sur la notion de souvenir et sur la mémoire d’Expo 67 au travers des témoignages. Le chapeau jeunesse étant l’élément créatif de cette exposition, l’équipe a alors procédé à des préentrevues afin de vérifier si les témoins potentiels correspondaient aux critères : avoir entre 11 et 21 ans entre 1967 et 1969 et s’être rendu à Expo 67. Finalement 48 intervenants ont été retenus. L’étape de tournage a été très intense puisqu’un grand nombre d’entrevues de fond devaient être tournées sur une courte période sans altérer leur qualité.

Les aspects qui sont majoritairement sortis de ces interviews et qui nous ont surpris sont le niveau d’émotivité très élevé et une forte conscience humaniste. Ce qui nous a aussi frappée, c’est l’actualité des propos 50 ans plus tard. On parle de conflits internationaux, de guerre froide, d’émancipation de la femme, de la langue française et de bien d’autres sujets encore au centre des intérêts. L’histoire orale permet de combiner un très grand travail de recherche et un apport créatif moderne. Elle propose une vérité, une émotion, une réalité qui n’existent pas forcément dans les livres d’histoire. Cet attachement à l’apport oral fait la spécificité du Centre d’histoire de Montréal (MEM – Centre des mémoires montréalaises) et de ses expositions.

Le concept soutenant Explosion 67. Terre des jeunes avait pour but d’entrer dans la tête des témoins grâce aux entrevues et d’ainsi transformer l’espace physique du musée en un espace mental. Le fait que les témoignages soient fragmentaires, comme nos pensées, a rendu le travail difficile. En effet, chaque capsule est indépendante, elle doit avoir du sens seule. Mais, si on considère la globalité des entretiens, ils doivent tous être reliés et aussi offrir du sens de cette manière. Cet aspect fragmentaire nous imposait de laisser le spectateur libre dans son expérience. On ne pouvait lui dicter un chemin précis. Comme s’il se baladait dans la boîte crânienne d’un témoin ou comme s’il était sur le site d’Expo 67, le visiteur d’Explosion 67 avait le choix de ce qu’il allait découvrir en premier.

La mise en scène de l’espace physique de l’exposition était pensée pour vraiment immerger le visiteur. Entre la boîte noire qui rappelait la boîte crânienne et les couleurs vives qui faisaient écho au faste de l’époque, le visiteur a vécu une réelle expérience. »

Les coulisses vues par Yanik Daunais, directeur général de Studio Plasma

Expo - Explosion 67

Photographie couleur qui montre plusieurs écrans sur une longue table au milieu d’une salle d’exposition. Plusieurs personnes sont debout ou assises d’un côté ou de l’autre avec des casques d’écoute.
MEM – Centre des mémoires montréalaises
« En collaboration avec le Centre d’histoire de Montréal, la compagnie de production Fig55 et Studio Plasma ont conçu et réalisé Explosion 67. Terre des jeunes afin de faire revivre par les sens, de façon immersive, une période marquante dans l’histoire de toute une génération : Expo 67 et Terre des Hommes. En respectant l’approche du Centre d’histoire de Montréal, la visite a été orchestrée dans un concept d’exposition-documentaire où le visiteur se retrouvait dans la mémoire collective des jeunes de l’époque, telle l’exploration imaginaire d’une boîte crânienne.

La somme des zones d’expérience, dispersées dans l’espace d’exposition, représentait les fragments rassemblés après une grande détonation. À l’aide du numérique, le patrimoine immatériel soutenu par de nombreuses archives a été communiqué grâce à une quinzaine d’expériences audiovisuelles : projections, écrans interactifs, bornes numériques, salle immersive et stations de réalité virtuelle en stéréoscopie 3D avec son ambisonique. Comme à l’époque d’Expo 67, l’équipe a tenté de repousser les limites technologiques actuelles pour offrir à Explosion 67 une expérience incomparable. »

Présentation du comité scientifique et de l’équipe de recherche

Pour concevoir cette exposition, le Centre d’histoire de Montréal s’est entouré d’experts qui ont épaulé l’équipe du musée dans les différentes phases de conception et de réalisation de l’exposition.

  • Anouk Bélanger, Ph. D., Département de sociologie, Université du Québec à Montréal
  • Harold Bérubé, Ph. D., Département d’histoire, Université de Sherbrooke
  • Mario Robert, directeur, Archives de la Ville de Montréal
  • Johanne Sloan, Ph. D., Département d’histoire de l’art, Université Concordia

La masse d’information disponible sur Expo 67 est phénoménale. Le Centre d’histoire de Montréal a pu compter sur une équipe spécialisée qui a su plonger dans le patrimoine matériel et intangible de cet événement.

  • Maryse Bédard, assistante à la recherche
  • Catherine Charlebois, muséologue
  • Caroline Martel, assistante à la recherche et à la production
  • Stéphanie Mondor, responsable technique en muséologie
  • Audrey Ste-Marie, assistante à la recherche

Présentation des témoins

Le Centre d’histoire de Montréal (aujourd’hui MEM – Centre des mémoires montréalaises) est une institution qui encourage la parole citoyenne et la participation des acteurs et actrices du milieu aux différentes expositions. Explosion 67. Terre des jeunes n’a pas fait exception, devenant même une boîte à souvenirs numériques d’un événement mythique de l’histoire récente du Québec. Les témoins qui ont accepté de se livrer à la caméra sont en partie des experts (historiens, sociologues, etc.), mais ils sont surtout des jeunes d’Expo 67, qui ont raconté leurs souvenirs liés à cette période remarquable de l’histoire contemporaine du Québec.

  • David Austin
  • Anouk Bélanger
  • Johanne Béliveau
  • André Charbonneau
  • Robert Côté
  • Sandra Dolan
  • Luc Doray
  • Luc Durand
  • Pierre Filion
  • André Forcier
  • Claude Fragman
  • Paul Gérin-Lajoie
  • Louise Harel
  • Pierre Huet
  • Yves Jasmin
  • Françoise Jougla
  • Rose-Noëlle Jougla
  • Jean Lacombe
  • Roger La Roche
  • Robert Lefebvre
  • Gilles Léonard
  • Réjean Loyer
  • Ève Marion
  • Donna Mergler
  • René Montpetit
  • Alain Morel
  • Roger Nolan
  • Christiane Patry
  • Gilles Patry
  • Janine Patry
  • Michèle Patry
  • James Pluth
  • Anne Pouliot
  • Charles Prévost-Linton
  • André Quinn
  • Denise Quinn Patry
  • Judy Rebick
  • Michèle Richard
  • Monique Simard
  • Gary Sims
  • Serge Sokolski
  • Rosemary Sullivan
  • Véronica Takács-Fragman
  • Guy Vanier
  • Germaine Ying Gee Wong
  • Jean-Philippe Warren