Qui étaient les Hochelaguiens rencontrés par Jacques Cartier en 1535 sur la future île de Montréal? Iroquoiens du Saint-Laurent, ils faisaient partie d’un vaste ensemble culturel.
À l’automne 1535, l’explorateur Jacques Cartier remonte le fleuve Saint-Laurent et fait la rencontre d’un groupe autochtone habitant l’île qui abritera Montréal. Il prend le temps d’une visite à son village nommé « Hochelaga » et d’une petite reconnaissance sur le mont Royal, et repart aussitôt.
Ce bref épisode a suscité la seule mention écrite qui nous soit parvenue d’une rencontre directe entre ce groupe et les Européens. Au cours des décennies suivantes, les Hochelaguiens quitteront définitivement l’île et, quand Champlain passe en 1603, ils n’y sont plus. En 1642, quand Ville-Marie est fondée par Maisonneuve, cela fait déjà probablement plus d’une cinquantaine d’années qu’ils ont quitté l’île. Qui au juste étaient ces Hochelaguiens?
Des Iroquoiens parmi d’autres
Nations amérindiennes 1500
On estime que les Iroquoiens du Saint-Laurent comptaient entre 10 000 et 12 000 individus au moment des premiers contacts avec les Européens. Ils appartenaient à des communautés établies entre l’embouchure du lac Ontario et la côte de Beaupré, en aval de Québec. Au moins une de ces communautés occupait l’archipel montréalais comme le démontre l’existence du village d’Hochelaga dans les années 1530.
Un (ou plusieurs?) village sur l’île de Montréal
Famille iroquoienne
Quoi qu’il en soit, il est clair que la géographie humaine des Iroquoiens du Saint-Laurent sur l’île de Montréal ne se limite pas à un seul village. Et les données de l’archéologie tendent à illustrer ce fait. Par exemple, le site archéologique Dawson, au centre-ville, correspond à un village des Iroquoiens du Saint-Laurent et il a souvent été identifié comme le Hochelaga de Cartier. Mais rien à ce jour ne nous permet de l’affirmer. De plus, des découvertes récentes sur ce site semblent pointer deux moments d’occupation distincts. D’autre part, plusieurs petits sites archéologiques répartis dans l’archipel montréalais témoignent d’une présence iroquoienne partout sur le territoire, autant à l’intérieur de l’île que sur les rives. On le constate nettement dans le Vieux-Montréal à proximité de l’embouchure de la Petite rivière, là où se dresse aujourd’hui la place Royale.
À la suite de millénaires d’occupations humaines variées et presque oubliées, l’espace situé à la confluence des majestueux cours d’eau que sont le Saint-Laurent et l’Outaouais a fait partie du grand pays des Iroquoiens du Saint-Laurent. Sur plusieurs générations, du XIIIe au XVIe siècle de notre ère, ces derniers ont occupé intensément la région qui deviendra celle de Montréal. Ils y ont habité dans des villages, cultivé la terre et profité des ressources de la pêche et de la chasse. Et ce sont les derniers, avant que les premiers Européens y mettent les pieds, à avoir parcouru intimement les forêts, les rivages et les ruisseaux de la grande île. Puis, Cartier a brièvement pointé le nez, annonçant des changements insoupçonnés.
TREMBLAY, Roland. Peuple du maïs : les Iroquoiens du Saint-Laurent, Éditions de l’Homme, 2006, 139 p.