Témoins des premiers établissements français, les alentours de la maison d’Étienne Nivard de Saint-Dizier ont révélé un des principaux sites archéologiques autochtones de l’île de Montréal.
Fort de Verdun - extrait
Une maison rurale de 1710
À Verdun, entre la rive du fleuve et le boulevard LaSalle, le parc de l’Honorable-George-O’Reilly abrite une vieille maison en pierre qui est devenue aujourd’hui un petit musée d’histoire et d’archéologie. Son architecture ancienne contraste avec les habitations actuelles le long du boulevard LaSalle, car elle témoigne des tout premiers établissements français dans ce secteur, peu de temps après la fondation de Ville-Marie. Dès les années 1660, des terres sont concédées en amont de Ville-Marie entre l’embouchure de la rivière Saint-Pierre (devant l’île des Sœurs) et les rapides du Sault Saint-Louis. C’est ce qui se nomme à l’époque la côte des Argoulets.
Maison Nivard-De Saint-Dizier
Un site archéologique plusieurs fois millénaire
À partir du milieu des années 2000, un programme de restauration et de mise en valeur de la Maison Nivard-De Saint-Dizier a été l’occasion de conduire des interventions archéologiques dans le parc. Ces fouilles ont permis non seulement de documenter l’usage du terrain depuis le Régime français, mais aussi de mettre à jour l’un des principaux sites archéologiques autochtones de l’île de Montréal!
Maison Nivard-De Saint-Dizier - fragment baïonnette
Plusieurs aspects rendent ce site fort intéressant, parmi eux, quelques éléments structuraux, partiellement déterrés, pourraient correspondre au fort construit dans les années 1660. Mais les archéologues y ont découvert également des traces d’occupations humaines qui se succèdent sur cinq millénaires, ce qui en fait, à ce jour, le plus ancien site archéologique de l’île de Montréal. Des outils en pierre, des tessons de poterie, des pipes, bien caractéristiques de différentes périodes, ont été trouvés sur une bande de plus de 250 m longeant l’ancienne rive, aujourd’hui remblayée et distante de près de 100 m de la rive actuelle. Cet espace devant les rapides de Lachine était, en quelque sorte, un passage obligé, car il était situé sur un sentier riverain de portage. Ici, siècle après siècle, on s’est nourri et reposé, on a entretenu des feux de foyer, creusé des fosses, construit des structures et même enterré des morts. Des groupes de l’époque archaïque y sont venus, comme en témoignent leurs pointes de projectiles typiques. Plus tard, vers 3000 ans avant aujourd’hui, d’autres y ont laissé quelques outils fabriqués dans une pierre provenant de la région de Niagara et qui était fort utilisée à cette époque. Plus tard encore, des vases en céramique aux styles différents, mais révélateurs d’identités culturelles, seront abandonnés sur place, parmi lesquels on reconnaît des éléments fabriqués par les Iroquoiens du Saint-Laurent, juste avant l’arrivée des Français en Amérique.
Maison Nivard-De Saint-Dizier
Certaines zones du site ont malheureusement été détruites lors de l’aménagement du parc à la fin des années 1940, mais d’autres secteurs restent intacts, gisant sous des remblais modernes. Les études archéologiques n’ont révélé qu’une partie de l’étonnante occupation plusieurs fois millénaire des parages de la Maison Nivard-De Saint-Dizier. Une visite à ce musée permet de voir plusieurs objets provenant des fouilles. Entretemps les recherches continuent, et une foule de questions n’attendent qu’à être étudiées davantage...